Le temps s’est arrêté samedi, 27 novembre 2011, dans la bourgade de Mardj Ouamane, commune d’Amizour. Dix jours après la décrue, les habitants de cette localité se réveillent toujours sur un paysage de désolation. Les dégâts occasionnés par les inondations qui ont touché la région d’Amizour et, particulièrement Mardj Ouamane, ne sont officiellement pas évalués par les services habilités. “Le travail effectué jusque-là par les différents services est loin d’être exhaustif», estime un agriculteur de la région, précisant que la superficie cultivable dévastée par les crues dépasserait les 300 hectares, en regrettant n’être pas parvenu à trouver un interlocuteur “fiable’’ pour être indemnisé sinon écouté. En théorie, le département de Rachid Benaïssa a été saisi par la Direction des services agricoles de Béjaïa, en lui adressant un rapport détaillé sur l’ampleur des dégâts engendrés par les inondations du 26 novembre dernier, dont la DSA de Béjaia a d’ores et déjà fait une première estimation. Un cadre de cette direction avance prudemment un chiffre approximatif de 2 milliards de centimes. Engagé officiellement pour évaluer les dégâts, un expert de la région a indiqué sur les ondes de la Radio locale que les pertes ne dépasseraient pas 3 millions de dinars. Selon lui, seulement 50 hectares des terres agricoles ont été dévastés par les crues, reconnaissant tout de même que “les dégâts sont importants”. Le subdivisionnaires des services agricoles d’Amizour a fait remarquer de son côté que la remise en valeur des terres agricoles envasées ne serait pas une sinécure. “Nous aurons à dépenser 3 millions de centimes pour un hectare envasé et cette opération prendra évidemment du temps», a-t-il expliqué. D’après lui, les travaux de réhabilitation du gazoduc Beni Mansour- Béjaïa seraient à l’origine de cette catastrophe. L’entreprise engagée sur ce chantier, explique-t-il, aurait dévié le lit de l’oued N’taâchacht après avoir construit plusieurs digues. Le même responsable pointe du doigt la Direction des mines et de l’énergie qui n’aurait pas mis en garde l’entreprise engagée pour la réhabilitation du gazoduc Beni Mansour- Béjaïa. Un aviculteur de Mardj Ouamane estime lui aussi que cette entreprise a « une grande responsabilité” dans ce qui s’est passé cette sinistre nuit du 26 novembre sur ces terres. Ce sont les agriculteurs de Mardj Ouamane qui sont les plus touchés par ces inondations. Selon eux, des dizaines d’hectares de cultures maraîchères ont été dévastés, des milliers d’arbres fruitiers déracinés, quelque 10 000 volailles, 2 vaches et 4 brebis emportées par les crues et les dégâts n’en finissent pas. En tout, elles sont 49 familles dont une a perdu un enfant de cinq ans à souffrir jusqu’à maintenant des incidences des inondations du 26 novembre dernier. Déclarées sinistrées au bout des livres par l’administration de wilaya, elles attendent toujours un signe fort des plus hautes autorités du pays. Même les autorités locales d’Amizour réclament depuis plus de dix jours un statut de “zone sinistrée” pour Mardj Ouamane. Cette bourgade qui a failli être rayée de la carte attend désespérément…
Dalil S.

