Ce fut une véritable marée humaine qui a déferlé lundi dernier sur le village Ath Welhadj, l’un des villages montagneux les plus reculés dans la commune d’Aït Bouaddou, à l’extrême sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, pour assister au rituel de la fête de Thaâchourth. Ils étaient des milliers à escalader la route entre deux flancs de la montagne pour atteindre la mosquée du village, lieu de pèlerinage depuis la nuit des temps de cette fête religieuse. «Nous avons demandé à tous les transporteurs de déposer leurs passagers bien avant l’arrivée au village, afin d’éviter les embouteillages qui auraient provoqué une anarchie ingérable ; de plus, comme il fait beau, un peu de marche à pied permettra aux visiteurs d’apprécier la beauté du paysage», explique un habitant. Au gré de leur progression, les pèlerins sont accueillis çà et là par des habitants pour leur offrir boissons chaudes et lesfendj (beignets), entre autres gâteaux maison. Par groupes, ils acceptent volontiers ces haltes revigorantes, une occasion pour les femmes vêtues pour la circonstance de robes aux couleurs chatoyantes pour un brin de causette avec leurs hôtes. Tandis que les jeunes, présents en grand nombre, pressent le pas afin d’être parmi les premiers arrivés. Après la ziara, tout le monde est convié à une waâda qui consiste en un succulent couscous garni, servi dans deux immenses salles, dont l’une pour les femmes.
Les visiteurs sont agréablement surpris par la propreté irréprochable des lieux : l’on a beau chercher des yeux, pas un bout de papier encore moins une poubelle, ne traîne par terre. Ils le sont encore plus par l’organisation impeccable mise en place par les habitants pour l’accueil et la prise en charge de tant de pèlerins. «Aucune décision individuelle ne peut être prise par les habitants sans que Tajmaïth n’en soit informée au préalable. Nos notables se réunissent régulièrement pour discuter de tout ce qui a trait aux affaires de la cité et tout le monde accepte les décisions retenues. Cela a toujours été ainsi chez nous», indique notre interlocuteur, ajoutant que c’est également Tajmaïth qui trace la priorité des projets à réaliser, grâce à la caisse du village. «Nous n’entamons de projets que ceux que nous pouvons concrétiser par nos propres moyens», ajoute-t-il fièrement, sans omettre de rappeler l’importance de la contribution financière mais aussi logistique des immigrés. Parmi ces réalisations au profit de la collectivité il y a la conduite d’eau potable captée à partir d’une source en haute montagne ainsi que la prise en charge du ramassage quotidien des ordures ménagères et leur incinération.
S. L.
