Site icon La Dépêche de Kabylie

Taâchourt : d’un prétexte spirituel à une valeur culturelle

Par Abdennour Abdesselam :

En Kabylie, la fête de Taâchourt, aux origines religieuses, n’est plus qu’un prétexte largement absorbé par des valeurs culturelles locales qui laissent se produire des rituels reposant sur la kabylité au sens pensée kabyle du terme. Naturellement, ces rites lui sont exogènes et aussi divers que variés. De pure forme spirituelle, au départ, Taâchourt a muté dans sa forme et dans son fond. Nous ne savons pas à quand remonte dans le temps cette forme remodelée, adaptée et harmonisée aux traditions locales. Nous ne nous attarderons pas trop sur la description détaillée de ces rituels qui peuvent aller de Timechret aux nombreuses visites des nombreux sites où sont vénérés les hommes et les femmes qui ont accompli, en leur temps, des réalisations sociales d’importance et d’intérêts communs. Taâchourt est surtout un lieu et un temps privilégiés de rencontres qui, souvent, permettent aux jeunes de fonder des foyers. Elle est ainsi une journée particulière où, sur un autre plan, d’intenses échanges ont lieu entre entités villageoises et entités des Aârch pour confronter des idées nouvelles dans la gestion de la cité et, souvent, pour faire renaître de leurs cendres des activités traditionnelles oubliées ou perdues. Parmi celles-ci, on peut citer « Hayiw » au cours duquel sont accueillis les nouveaux nés (filles ou garçons) sous forme de glorification. Celle-ci est un chant de déclamation se rapportant aux hauts faits d’histoire de la Berberie, bâtis sur le courage et la bravoure de ces hommes et de ces femmes qui ont fait la grandeur de l’Afrique du Nord. C’est à cette grandeur et à cette bravoure que sont souhaités voir devenir les nouveaux nés. Nous retenons donc, essentiellement, le fait que l’ensemble de ces règles a fini par éluder la teneur spirituelle de Taâchourt qui a pris le pli de la tradition locale. Ainsi en a été également des ordres religieux (appelés les Tariqat) qui se sont établis en Afrique du Nord à partir du XIV siècles et qui n’ont dû leur existence (encore aujourd’hui) que parce qu’ils se sont adaptés aux réalités historiques, linguistiques et culturelles de la vaste région.

Abdennour Abdesselam (kocilnour@yahoo.fr)

Quitter la version mobile