Avec ces pluies, Tighilt Bougueni, chef-lieu de M’Kira, est semblable à un bourbier. Partout, c’est la gadoue. Le chantier engagé dans ce petit centre urbain pour la réalisation d’un réseau AEP a complètement transformé les petites rues. Cette situation que les M’Kiris vivent au quotidien s’ajoute à d’autres problèmes qui ne sont pas des moindres. En effet, depuis que la laiterie de Draâ Ben Khedda est à l’arrêt, il y a plus de deux mois, les consommateurs sont pénalisés. « Il faut courir et avoir un peu de piston même pour un sachet de lait « , nous a dit un habitant du chef-lieu. Devant ce manque, les citoyens de cette municipalité vont jusqu’à Tizi Gheniff et même jusqu’à Tamdikt ou Marako, deux localités situées sur la RN68 approvisionnées à partir des laiteries de Boumerdès, pour avoir ce produit, sinon il faut débourser plus pour le sachet en poudre. En plus de ces deux manques, les citoyens sont pénalisés par les fréquentes coupures d’électricité. « Nous avons appris que les coupures sont dues aux fréquentes interventions de la Sonelgaz, qui rénove ses installations. Si c’est le cas, on peut quand même comprendre ce genre de situation », nous a confié un autre habitant du chef-lieu. L’autre tracasserie à laquelle il est dur de s’habituer est la rupture de la connexion Internet. « Parfois, on se dit qu’on paie pour rien. Souvent, elle est interrompue durant des heures entières. C’est vraiment un véritable calvaire, surtout quand vous effectuez un travail important », nous a expliqué ce jeune informaticien. Par ailleurs, personne ne peut nier que des efforts considérables ont été déployés dans le secteur de l’éducation. A M’Kira, quatre collèges sont réalisés en attendant l’achèvement du lycée. Le dernier CEM inauguré en septembre rend d’innombrables services aux élèves de Taka, d’Ath Harount et des hameaux environnants, mais il est à souligner que l’absence de cantine scolaire les pénalise au plus haut point. Aujourd’hui, ils se contentent de la limonade et du pain pour le repas de midi. Ceux qui ont un peu de moyens se déplacent jusqu’à Tighilt Bougueni sur une distance de plus de trois kilomètres pour se restaurer. « L’Etat a déboursé tant d’argent pour réaliser ce joyau que vous voyez, mais personne n’a pensé à la restauration d’autant plus que dans les villages, il n’y a ni restaurant ni gargote. On se demande s’il s’agit là d’une omission ou d’une négligence », fulmine un parent d’élève. A M’Kira, les étudiants peinent à rejoindre l’université de Tizi-Ouzou car ils habitent à plus de 60 km du chef-lieu de la wilaya. S’ils transitent par Tizi Gheniff, puis par Draâ El Mizan, c’est un véritable parcours de combattant pour eux, sans compter les frais de transport qui ont subi une hausse de plus de 50 % du tarif initial.
Amar Ouramdane