Véritable boute-en-train, et le théâtre dans le sang, sa conférence a été à elle seule, un spectacle. Richard Demarcy, invité du Café littéraire de Béjaïa ce vendredi 9 décembre, est revenu sur l’importance du 4e art qui, selon lui, fédère toutes les disciplines ; sociologie, ethnologie, Histoire…
«Le théâtre est un art collectif, dira-t-il, une façon d’être au monde qui, mélangé à la politique en est le summum ; c’est un art extraordinaire qui a toujours couché avec la politique au bon sens du terme». Le communicant précisera juste après, sa vision : «Pour moi, trois questions importent : Quel théâtre ? Qu’est ce que je choisis de mettre en scène ? Avec quoi ?» A l’évidence, la conception qu’il développera découle en partie de son parcours. Militant actif au sein du syndicat des étudiants et du Parti communiste français, Richard Demarcy se dit proche des peuples opprimés. Son travail d’artiste ne pouvait que refléter l’engagement de l’homme, même si la part du ludique n’est pas à négliger. Aussi, dira-t-il : «Bariolé et festif, le théâtre est fait pour émerveiller». Mais, précision de taille : «Le théâtre était important pour ma génération. C’était la guerre d’Algérie. A dix-sept ans, je me sentais concerné par la guerre de libération. Nous étions des militants profondément anticolonialistes». Cet aspect politique de l’art, et du théâtre en particulier, est donc pleinement assumé par ce militant qui nous exhorte à «avoir une graine d’Antigone en nous», à «savoir dire non à la dictature, non à l’oppression». Après Mai 1968, l’intérêt de Demarcy pour les cultures du monde entier allait grandissant. Ses comédiens viennent des quatre coins du monde, un syncrétisme qui en dit long sur sa volonté de réconcilier et de rassembler les peuples de tous les horizons. A ce propos, il a réaffirmé son souhait que le président qui succédera à Sarkozy ait la volonté et le courage politique de reprendre le traité d’amitié algéro-français. «Ce sera, dira-t-il, un geste important. Et ce n’est qu’après que nous aurons la fraternité dont nous rêvons». Toujours par projection, l’invité du café littéraire a insisté sur la nécessité d’une vision positive. A propos de l’Algérie, il dira : «Je crois en l’avenir de votre pays, ce n’est pas par flatterie que je le dis. Il n’y a qu’à voir le nombre de théâtres que vous possédez, il faut lancer des graines … Ce qui m’intéresse, c’est l’évolution permanente des choses».
Nabila Guemghar

