La localité de Tiliouine est située à dix kilomètres à l’est du chef-lieu de commune et de daïra, Lakhdaria. Elle compte parmi les plus grandes agglomérations de la municipalité vu le nombre de ses habitants avoisinant les huit mille.
Elle est laissée pour compte par les élus communaux. Les routes, le gaz naturel, l’eau potable, l’éclairage public et l’aménagement urbain sont les revendications de la population. Il est aisé de constater l’état déplorable et lamentable des voies d’accès aux différents îlots. Aucune ruelle n’est bitumée. Elles sont toutes de vraies pistes. Elles sont boueuses, jonchées de flaques d’eau, les automobilistes roulent à la vitesse minimum, les piétons doivent se chausser de bottes pour pouvoir se déplacer malgré la présence de quelques travaux d’aménagement urbain. Dans quelques endroits, les trottoirs sont très étroits, si deux personnes se croisent, l’une devra emprunter la chaussée boueuse. Le béton bitumeux est quasi inexistant dans la bourgade de Tiliouine et cela demeure le rêve des habitants. Le quartier «Boumelleh» n’a pas bénéficié de ce projet déjà à l’arrêt depuis des mois. L’eau potable est insuffisante pour ne pas dire qu’elle se fait rare. C’est l’une des préoccupations des citoyens qui se dotent de cette denrée en louant des citernes pour la majeure partie du quotidien. Il y a quelques jours, un projet d’alimentation en eau potable dont a bénéficié la localité a été lancé. Les travaux avancent à une cadence qui permettra aux villageois d’oublier ce calvaire. De toute manière, les habitants auront moins de soucis, moins de peines pour s’approvisionner et s’alimenter en eau potable. Les habitants nous apprennent que le projet a été réalisé. Cependant, il reste à acheminer les conduites secondaires pour alimenter les foyers. Située le long de la RN5, Tiliouine se trouve depuis des années dans le noir. L’éclairage public fait défaut malgré la présence des lampadaires. Certains sont opérationnels et fonctionnels mais d’autres sont munis de lampes grillées. En passant la nuit, rien ne prouve la présence d’une agglomération. Les habitants ont peur de sortir la nuit. Les fidèles se rendent à la mosquée édifiée à la sortie ouest de la localité dans le noir. Les étudiants particulièrement les filles qui fréquentent les collèges de Kadiria et les lycées de Lakhdaria ou encore les universitaires, sortent très tôt le matin. Ils craignent d’être agressés par des personnes ou des chiens, nous dira notre interlocuteur. Aucun lampadaire n’est installé tout le long de la RN5. Les fils électriques qui alimentent d’autres foyers branchés illégalement font une vraie toile d’araignée et sont à haut risque pour les habitants. La population espère que les pouvoirs publics prendront en charge cette revendication en dotant le village de l’éclairage public. Un citoyen a qualifié son lieu de résidence d’un cimetière abandonné si ce n’est la présence des habitants qui vont et viennent pendant la journée, mais dès la tombée de la nuit, toute activité cesse. Les gens rentrent chez eux, les commerçants ferment leurs boutiques et attendent le lever du jour suivant. Et c’est la routine qui reprend le quotidien des habitants. Si un usager, voire un étranger de la région, empruntant la RN5 ou l’autoroute est-ouest qui passe à quelques encablures, tombait en panne la nuit, il ne saurait pas que la localité abrite des habitants en mesure de lui porter secours. Dans un passé récent, Tiliouine était un petit village et au fil des années, elle a connu une expansion de constructions considérables et un nombre croissant d’habitants. Les constructions étaient des habitats précaires bâtis en «toub», les toitures en tuiles rouges ou en chaumes. Cependant, ces dernières années, le moderne a pris de l’ampleur. Les citoyens ont construit des maisons en R+1 ou R+2. Ils utilisent le gaz butane dans leurs foyers.
La population rêve d’un jour meilleur
L’agglomération n’a pas bénéficié d’un projet de raccordement au réseau du gaz de ville et pourtant les habitants de la ville de Lakhdaria sont branchés ainsi que ceux de la ville de Kadiria qui se trouve à peine 500 mètres à vol d’oiseau, de Tiliouine.
Effectivement, le dépôt du gaz butane se situe à la sortie ouest de l’agglomération, mais aussi la conduite qui alimente Lakhdaria en gaz de ville passe à quelques 600 mètres au nord de Tiliouine. La localité a bénéficié d’un projet destiné à l’assainissement des eaux usées, néanmoins quelques foyers restent non branchés au réseau principal, car ils ne sont pas raccordés aux canalisations secondaires, non prévues pour cette partie de l’agglomération. Côté jeunesse, cette tranche de la société demeure dans la marginalisation et l’oubli.
L’agglomération est démunie de toutes les infrastructures à savoir un terrain de proximité hormis une aire de jeu à l’abandon, un centre culturel. Les moyens de loisirs sont inexistants et les jeunes fuient la localité pour aller à Lakhdaria. Là ils trouvent l’occupation et oublient le marasme et l’ennui. L’arrêt des fourgons est le seul endroit où ils se rencontrent. La bourgade dispose d’un centre de santé avec à pour tout effectif, un infirmier. Les citoyens demandent la présence d’un médecin au moins une fois par semaine, surtout le service maternité et infantile dans le but d’effectuer un contrôle médical pour les enfants en bas âge. L’établissement abrite aussi l’antenne administrative de la mairie. Les citoyens se font délivrer leurs documents en toute quiétude loin des longues files qu’enregistre journellement le siège de l’APC.
Le projet des locaux commerciaux entrant dans le cadre du programme présidentiel est réalisé à 100%, mais ils restent non attribués aux jeunes. Ces locaux sont destinés aux personnes qui désirent lancer une activité et visent aussi l’absorption du chômage. Les citoyens s’interrogent sur l’avenir de ces locaux. D’ailleurs, lors de notre passage, nous avons constaté la dégradation avec des vitres cassées.
L’assiette où sont implantés ces locaux demeure un endroit favorable pour exercer toutes les activités d’autant plus qu’ils sont longés par la RN5.
A. B.