La cueillette d’olives entamée

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Dans la commune de Beni Ourtilane, une région kabylophone relevant de la wilaya de Sétif depuis le découpage administratif de 1984, la seule économie qui existe, est l’agriculture de montagne avec la prédominance de la branche oléicole.

Ainsi, les agriculteurs sont les seuls agents économiques qui travaillent encore les terres avec des moyens traditionnels, richesses du terroir mouillées de la sueur des générations qui les ont travaillées séculairement. L’olivier est d’une grande longévité dépassant de loin la durée de vie de l’homme. Seulement, le problème du relief accidenté auquel s’ajoute le morcellement et l’indivision des lopins se pose avec acuité la plupart des parcelles ne permettant pas la mécanisation (tracteurs pour les labours et les véhicules pour le transport) et les moyens rudimentaires comme les bœufs et les mulets qui se raréfient. L’olivier est la culture qui s’adapte le mieux dans les montagnes de Beni Ourtilane, élevées à quelques 1500 mètres d’altitude. Il est presque la seule culture pratiquée. Selon le premier adjoint de l’APC de la localité la campagne de cueillette vient de démarrer. «Les oléicultures ont attendu que le fruit mûrisse bien et que les enfants sortent en vacances d’hiver pour entamer la récolte. Depuis bien longtemps, les familles de Béni Ourtilane émigrent en France ou optent pour l’exode, notamment à Alger», explique-t-il.

Une ambiance bon enfant pour une saison mitigée

Lors de notre visite, nous avons constaté que le brouillard matinal et le froid induit par les chutes de neige (la poudreuse visible encore sur les hauteurs) et les gelées du matin n’ont pas dissuadé les familles parties tôt le matin à la cueillette des olives. Les routes étaient bondées de monde. Fort heureusement, à compter de 10h du matin, le soleil radieux de la journée plane sur des champs grouillant de monde ou on pouvait y voir des fumées émanant des feux de bois, partout dans le ciel et entendre les coups des gaules qui s’abattent sur les branches faisant tomber à terre des olives bien mûres que ramassent les femmes et les enfants. C’est dans une ambiance des grands jours, augurant tant bien que mal une récolte faible par rapport à celles des années passées que démarre une campagne oléicole qui va bon train. Les 18 huileries entre types traditionnel et moderne, constituant le potentiel de transformation du fruit en huile d’olive, ne suffisent pas à répondre à la demande d’où certains oléicoles comme les gens vivant à Alger (pressés par le temps, car les parents doivent rejoindre les lieux de travail et les enfants leurs écoles) se rabattent sur les huileries de la vallée la Soummam particulièrement celles de la région d’Amdoune n’Seddouk. Leurs gérants leur font des faveurs et engagent des équipes de nuit spécialement pour cette catégorie de clientèle venant de loin. Ils arrivent en début de soirée avec des camions chargés de récoltes d’olives et repartent le matin avec les productions d’huile. «L’huile de Beni Ourtilane est différente des autres huiles par le goût et la consistance. Elle est connue pour ses qualités nutritives et curatives qui n’existent nulle part ailleurs. Elle est extraite de la pulpe pressée la généreuse olive que l’on appelle, selon la variété Achemlal, Azeradj, Bouchouk, Akhenfas. Les rendements sont satisfaisants avec une moyenne de 25 litres au quintal. Vendue en vrac pour les citoyens de la région de Sétif qui viennent la chercher sur place, chez les huileries malgré le prix de l’huile d’olive, fixé cette année à 600 dinars le litre», a fait savoir notre interlocuteur. Dans cette région, la campagne oléicole ne passe pas inaperçue, elle sera couronnée vers la mi-février par une fête, que seuls les habitants de Beni Ourtilane, réputés pour leur accueil chaleureux, savent organiser pour un produit agricole du terroir vénéré par toute la population, a-t-on appris.

L. Beddar

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