La consécration de l’équipe féminine universitaire de Football au dernier championnat du monde est sans doute la seule note positive enregistrée dans la wilaya de Béjaïa pour toute l’année 2011.
Des contestations citoyennes aux immolations en passant par les inondations et les feux de forêt, tout a été noir durant cette période.
Une dizaine de cas d’immolation
En s’immolant, feu Bouazizi le tunisien ne pensait probablement pas être le précurseur de révoltes populaires amenant la chute de plusieurs présidents arabes que l’on pensait ne jamais voir tomber et surtout être l’exemple de beaucoup de jeunes algériens dans cette nouvelle version de suicide. Pour la seule wilaya de Béjaia, près d’une dizaine de cas d’immolation ont été enregistrés à travers les différentes contrées et certains se sont soldés par des décès dont notamment les trois jeunes qui sont passés à cet ultime acte dans la commune d’Aokas.
Depuis quelques temps, les jeunes ont tendance à passer à l’ultime acte ou action sans y réfléchir et d’ailleurs dans la version “harraga&ldquo,; si aucune tentative n’a été enregistrée à partir des côtes de la wilaya de Béjaia, il n’en demeure pas moins que celles-ci ont eu à recevoir malheureusement les corps sans vie de deux harraga découverts à la fin de l’été à bord d’une petite embarcation ayant échoué sur la plage de Souk El Tenine.
Fermetures de routes et sit- in à tour de rôle devant la wilaya
Pour demander une amélioration de leur cadre de vie, les citoyens n’ont pas cessé de recourir à la rue. Plus de trois cent actions de rue ont été enregistrées dans la wilaya de Béjaia pour la seule année 2011. De Draâ El Gaïd à Tazmalt en passant par Darguina, Aokas, Tichy, Adekar, Ihaddaden ouada, Tizi, la cifa, Dar Djebel, Oued Ghir, Amizour, Barbacha, Fenaïa et Sidi Aich, aucune localité n’a été épargnée par les fermetures de routes et toutes les routes qu’elles soient nationales, de wilaya ou communales, ont été ciblées par les protestataires et pratiquement aucune n’a échappé à la colère citoyenne.
Outre les blocages des routes qui durent parfois toute une journée, les contestataires s’en prennent aussi aux édifices publics, fermant des sièges d’APC et de daïras pour plus d’une semaine, des fois, comme ça a été le cas pour le siège de la daïra d’Aokas ou encore, plus grave,en les incendiant ou leur causant des dégâts. Par ailleurs, évitant ce genre d’actions pour paraître pacifistes, beaucoup de corporations, en allant des rappelés du service national aux transporteurs en passant par les corps communs de l’éducation ou des travailleurs communaux, ont préféré observer des sit-in devant le siège de la wilaya.
Ces derniers sont tellement nombreux au point où il pouvait y avoir parfois jusqu’ à trois sit- in durant la même journée faisant dire à un citoyen qu’il est désormais nécessaire de réserver la place et la journée pour organiser son sit- in. Ces fermetures de routes ont engendré un manque à gagner d’environ 200 millions de centimes par heure à l’entreprise du port de Béjaia.
Le terrorisme investit Tazmalt et Bouhamza
Entre temps, les services de sécurité ont été mis à rude épreuve. La brigade de Gendarmerie nationale de Tazmalt a été attaquée à l’arme de guerre par un groupe de terroristes et fort heureusement que les gendarmes étaient vigilants et ont repoussé l’assaut des terroristes qui ont pris la fuite. Aucun blessé n’a été enregistré.
A Bouhamza, un terroriste s’est fait exploser au centre- ville devant des gardes communaux et des villageois terrifiés. Il avait oté la goupille de sécurité de la grenade qu’il avait sur lui pour se faire exploser après avoir été blessé à la jambe par un tir d’un garde communal. Pour un mot déplacé du chef de brigade de la Gendarmerie nationale, les citoyens de Smaoun, qui avaient bloqué la voie ferrée pour protester contre l’augmentation du prix du ticket de bus, ont attaqué le siège de la brigade de la localité à coups de pierres et cocktails Molotov.
Ce déchaînement de violence a duré près de huit heures. Un transporteur de marchandises, originaire d’Akbou, a été blessé par balles à Ighzer Amokrane par des inconnus qui lui ont subtilisé son fourgon. Dans cette même commune, il a été aussi enregistré un braquage à l’américaine d’une bijouterie alors qu’une semaine auparavant, un bijoutier de Timezrit a été poignardé. Par ailleurs, une attaque à main armée à l’agence Sonelgaz d’Akbou a été orchestrée par deux individus qui ont subtilisé la somme de 90 millions de centimes.
Enfin, deux camionneurs de la wilaya de Béjaia ont été blessés à l’arme à feu lors d’un faux barrage dressé à Cap Fermatou, localité de la wilaya de Sétif limitrophe de la wilaya de Bejaia. Dans le cadre de la sécurité des frontières, les douaniers de l’aéroport ont mis la main sur une importante quantité de psychotropes et 130.000 euros que certains citoyens tentaient de faire passer frauduleusement. En outre, deux narcotrafiquants ont été arrêtés en possession de 188 grammes de kif traité et près de 4 milliards de centimes.
Plusieurs hectares de végétation partis en fumée
De leur côté les éléments de la Protection civile ne sont pas restés les bras croisés. Près de sept millions de touristes ont visité les côtes béjaouies durant la saison estivale laquelle n’a duré en fin de compte qu’un seul mois. Cet afflux de vacanciers en un laps de temps, véhiculés dans leur ensemble, conjugué au réseau routier vétuste a engendré plusieurs accidents de circulation faisant une centaine de blessés et une dizaine de morts.
A chaque accident donc, les services de la Protection civile sont sollicités. Outre ces interventions, les pompiers étaient aussi chargés de la surveillance des plages et rien que pour cela, ils ont eu à intervenir plus d’une centaine de fois. Hélas, il y a eu quand même une quinzaine de décès par noyade. Malheureusement, comme le signaleront les services de la Protection civile, ces noyades ont eu lieu en dehors des horaires de travail des surveillants de baignade. Il faut dire qu’ils ne chôment pas car parallèlement à ces interventions au niveau des plages, ils ont eu à faire face aux feux de forêts lesquels avaient ravagé des dizaines d’hectares de massif forestier et des milliers d’arbres fruitiers.
D’ailleurs même le parc de Gouraya a été touché suite à un court circuit causé par la coupure de fils électriques au niveau de Sidi Bouali. En parlant justement de cet aspect environnemental, Béjaia est malheureusement une grande wilaya poubelle et d’ailleurs les 2000 points de décharges sauvages, de dépôts intermédiaires et de fumier en sont la meilleure des preuves. Peut être que 2012 verra la réalisation de décharges contrôlées et de centres d’enfouissement technique.
4e au BEM et 17e au BAC !
On ne peut faire une rétrospective sur l’année 2011, sans parler des différentes grèves qui ont secoué en début de la présente année scolaire, le secteur scolaire dans son ensemble notamment celles faites par les élèves pour exiger soit l’ouverture d’une cantine, soit l’affectation d’enseignants ou encore une autre revendication quelconque.
Toutefois un point positif est à inscrire à l’actif de ce secteur notamment le palier de l’enseignement moyen qui a enregistré un bon taux de réussite au brevet d’enseignement moyen (83,40%) se hissant à la 4e place au niveau national, faisant ainsi un bond de onze places par rapport à l’an précédent. Pour ce qui concerne l’autre examen national beaucoup plus important, le Baccalauréat en l’occurrence, la wilaya de Béjaia a perdu 8 places. Alors qu’elle était classée 9ème l’année d’avant, en 2011, elle se classe au 17e rang avec un taux de réussite de 65,98%. En conclusion, il y a lieu de signaler que la wilaya de Béjaia a enregistré l’arrivée de plusieurs nouvelles têtes au niveau de l’exécutif de wilaya.
A. Gana.