Des dits de Chikh Mohand

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Par Abdennour Abdesselam:

Dans son rôle de régulateur des rapports au sein de la société kabyle, nous verrons que Chikh Mohand Oulhoucine Amoussnaw était, d’abord, sévère envers lui-même. Dans la culture kabyle, l’espace commun est dit « lmecmel ». Il peut évoquer l’espace des idées (taqbaylit) ou encore l’espace géographique. Dans les deux cas, il est un centre d’intérêt préservé de tous. Le hasard, dans la responsabilité de la gestion et de l’animation de ces espaces publics, n’a pas cours. Ainsi, la première victoire que Cheikh Mohand remportera, dans son cheminement vers son statut, sera sur lui-même. Il se lancera une forme de défi en répondant un jour à un de ses maîtres, le Cheikh Mohand Ouali, qui le prédestinait à sa vocation publique: « neby’a d-nennulfu, lamaâna nreffu » (je veux bien m’engager, mais je suis d’un tempérament nerveux). Pour une telle mission de service de la société l’intéressé devait être emprunt de sagesse, de mesure et de perspicacité. Le Cheikh considérait ces exigences à l’aube de sa mission. Il savait aussi que pour une telle vocation, il lui fallait passer tant d’épreuves. Il dira: « Ur yettuyal hedd d lwali, alamma yeswa qedran d ilili » (ne peut prétendre au rôle de serviteur de la société que celui qui aura cumulé des expériences et qui s’en instruit). Dans ces deux réalisations, Cheikh Mohand Oulhoucine sublime le sens de la responsabilité. Il en avait le plus grand respect. Son maître, Chikh Mohand Ouali, ne paraissait nullement complaisant, malgré l’admiration qu’il portait à son élève. Il n’hésitait pas à l’avertir, surtout que la vocation pour laquelle il le prédestinait, la responsabilité sociale, demeure un exercice éprouvant et difficile. Il risquait même d’être sanctionné se faire disqualifier, voire honnir de la cité. Cheikh Mohand Oulhoucine Amoussnaw l’avait compris. La vie publique en Kabylie est encore, de nos jours, une implication décisive.

A. A ([email protected])

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