Les Ramadhans se suivent et se ressemblent

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Voilà encore un mois (sacré) qui fera le bonheur des uns et le malheur des autres. Si pour les petites bourses, c’est la saignée (au vu des dépenses parfois inutiles), pour les vautours aux aguets de la moindre occasion pour faire fortune, c’est plutôt un mois béni.Quoi qu’en ce premier jour de carême, les prix des fruits et légumes soient encore stables pour le moment, il est difficile de croire que ces prix ne connaîtront pas une hausse dans les jours à venir. Se toute évidence, ce mois sacré laminera bien des portefeuilles. Durant ce mois de toutes les gourmandises, le boulanger du coin saura faire du bon pain et proposera toute une myriade de toutes sortes de pains améliorés (?) de pain paysan, de la miche de pain, du pain de seigle, tout y est, avec toutefois quelques dinars en plus sur le prix, par rapport à notre triste baguette quotidienne dédaignée. Le consommateur, découvrira que son boulanger sait finalement bien pétrir sa pâte, contrairement aux autres mois de l’année, où le pain de ce même boulanger est tout juste mangeable. Le pâtissier, alléchera bien des papilles en proposant lui aussi toutes sortes de gâteaux et de confiseries. Quant à la pénitence des gens, il est utopique de croire que le serment qu’ils ont fait les années précédentes, (à savoir ne plus verser durant ce mois sacré dans l’interdit) sera respecté. En effet, déjà dès ce premier jour, revoilà les jeux de hasard interdits en islam, qui réapparaissent. Au pion ! crie le tireur de jetons, alors que la grande salle du café est bondée de monde les yeux rivés sur les cartons du loto, guettant le tirage du dernier jeu. Brelan ! entend-on dans un autre café où les mises au poker sont parfois faramineuses. C’est ainsi que vit le village, au rythme des craquements de dominos, ou du bruit des coups de poings sur la table, donnés par des joueurs de cartes et ce sera ainsi durant tout le mois. Remarque, que leur offre la municipalité ? Rien.Une auberge de jeunes reconvertie en hôtel pour les passagers, une salle de cinéma que les “braises” du film de Mohamed Lakhdar Hamina, semblent avoir consumé lors du dernier film, projeté dans cette salle construite dans les années soixante dix, une bibliothèque sans livres. Ainsi va la vie dans ce bourg maudit. Durant ce mois de piété, le village sorti de sa léthargie, pour s’affoler les nuits jusqu’au petit matin, juste avant l’appel du muezzin. Au deuxième jour de ce mois de carême, si ce n’est les élèves du collège du chef-lieu, le village est comme après une apocalypse, “mort” ! Pas âme qui vive. Les quelques rares personnes, qui sortent de leur long sommeil de la journée, à quelques heures seulement de la rupture du jeûne, sont ces père de famille qui vont acheter leur pain ou leur kilo de zlabia (obligatoires durant ce mois) pour ne pas subir les foudres d’une progéniture que l’oisiveté a gagné. S’il y a bien un moment qui fait plaisir à tous durant ce mois de Ramadhan, c’est bien l’instant du f’tour où toute la famille se réunit autour d’une table, pour partager et déguster un même repas dans la convivialité et la joie d’avoir soustrait, une journée à ce mois de sacrifice. C’est encore cet instant furtif avec des amis pour siroter un café bien serré et brûler une clope, avant que chacun ne s’éclipse, qui pour surfer sur Internet, qui pour aller jouer aux cartes ou encore aller regarder un film sur Canal + ! Le Ramadhan de cette année ne sera pas différent des autres. C’est juste un éternel recommencement.

A. M.

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