«N’était-ce l’intervention des gendarmes, on nous aurait lynchés»

Partager

C’est un président encore sous le choc que nous avons rencontré lundi dernier, dans son bureau sis à la haute ville de Béjaïa. Lakhdari Boubekeur, premier responsable du club sportif Ghalia Club Béjaoui (GCB), évoluant en division pré-honneur de la ligue de football de Béjaïa, dit avoir vécu, avec son équipe, une « journée noire », lors du match ayant opposé son équipe à celle de l’ES Beni Maouche, le mois écoulé.

« Nous étions séquestrés dans un vestiaire de 16 h à 22 h, sans eau, ni nourriture et dans le froid. Cela nous a tous traumatisés et nous pensions au pire », a écrit ledit responsable dans un rapport bien détaillé sur cette mésaventure, lequel document a été remis à la ligue de Béjaïa, ainsi qu’au wali et au directeur de la DJS. Notre interlocuteur dira que la rencontre avait bien commencé et un fair-play régnait tout au long de la première période. « Malheureusement, en deuxième mi-temps, alors que le Ghalia menait au score par 2 buts à 1, et suite à une faute (grave) commise par un joueur de l’ESBM, qui lui a valu l’expulsion, les joueurs, l’entraineur et les dirigeants de l’ESBM se sont dirigés vers l’arbitre pour l’agresser », raconte Boubekeur. Cet incident, selon notre source, a précédé l’envahissement du terrain par les supporters locaux. « Nos joueurs se sont retirés vers notre banc de touche, car le délégué du match et les gendarmes étaient au secours des arbitres pour les évacuer aux vestiaires. C’est alors que des supporters et des dirigeants de l’ESBM ont envahi le terrain et se sont dirigés vers nous, qui étions sans défense, pour nous tabasser et nous rouer de coup à l’aide de manches à balai, de pierres et de toutes sortes de projectiles », a indiqué Boubekeur avant d’enchaîner que « si ce n’était l’intervention des gendarmes, on nous aurait lynché ». Même après avoir été conduits aux vestiaires par les gendarmes, pour être en sécurité les visiteurs n’ont pas échappé à la fureur des supporters. En effet, Boubekeur dira que ces derniers « ont détruit le mur des vestiaires, à l’aide d’un marteau, pour nous (atteindre) ».

Si les visiteurs ont eu la vie sauve, elle s’en est, néanmoins, sortie de cette fournaise avec neuf blessées auxquels l’on a établi des certificats médicaux à l’EPSP d’El Kseur, sur le chemin du retour vers 23 h du soir. Aussi, une partie de leur équipement sportif a été volée, affirme encore le président du GCB. Ce dernier indiquera que même le P/APC de Béni Maouche, « qui s’est déplacé sur les lieux pour calmer les esprits, a été ciblé par des jets de pierres ». C’est vers 22 h que le cauchemar de la délégation béjaouie a pris fin. « Les gendarmes nous ont mis dans un fourgon et des voitures banalisées, et nous ont escortés jusqu’à la sortie de Béni Maouche, là où le chauffeur de notre bus nous attendait », déclare Boubekeur, qui dit ne pas vouloir déposer plainte. Abordant l’excellent parcours de son équipe, deuxième au classement, cet ancien joueur de la JSMB qui a participé à son accession en division 2 en 1996, dit que « cette réussite est le fruit de la formation ». Toutefois, il déplore le manque de moyens dont souffre son association sportive. « Je lance un appel aux autorités locales afin qu’elles nous aident. Nous avons besoin de moyens pédagogiques et de la prise en charge des frais de restauration et de déplacements », indique Boubekeur, tout en avouant que l’association qu’il préside essaie d’encadrer les jeunes de la haute ville afin de les protéger des fléaux sociaux, et de la drogue en particulier, qui rongent notre société.

Boualem Slimani

Partager