Le chef-lieu de la commune d’Amizour, à l’instar de plusieurs régions du pays, avait connu en l’espace de deux jours, plus précisément du 9 au 11 janvier de l’année écoulée, des scènes d’extrêmes violences causées par un déchaînement juvénile sans slogans ni revendications exprimées.
Cette vague d’émeutes caractérisées par des actes de pillage et de saccage à grande échelle ne sont pas prêts à être oubliés par les habitants de cette ville rebelle, lesquelles d’ailleurs assistaient dans l’impuissance à la destruction de leur chère ville.
En l’espace de ces deux jours d’inégales violences ayant mis cette ville métropolitaine sous les décombres et les signes de cette destruction massive sont toujours visibles, une année après, histoire de rappeler amèrement le cauchemar vécu à cette époque.
Hormis ceux plus sécurisés à l’image de la brigade de gendarmerie et du siège de la sûreté de daïra, la casse n’avait épargné presqu’aucun édifice public, allant jusqu’à toucher les biens du privé. Le siège de daïra, le tribunal, le centre culturel, le parc communal et la banque CPA font partie du lot d’édifices saccagés et pillés, et à ce jour, nombreux sont ceux qui n’ont pas repris leur activité vu l’importance des dégâts dont ils ont fait objet.
Pour la bâtisse de la banque CPA, située au cœur de la ville, de l’ère coloniale, fortement touchée jusqu’à rendre toute tentative de réparation une peine perdue, obligeant ses locataires à plier bagage pour aller sans retour vers un similaire centre bancaire d’une ville limitrophe.
Ce monument historique, patrimoine architectural omniprésent sur les anciennes cartes postales de ce centre urbain, est menacé d’une démolition à la racine qui s’avère inévitable selon les experts en bâtiment, ce qui va certainement défigurer le panoramique de ce chef-lieu communal, considérée comme troisième pôle de la wilaya mais ne compte désormais qu’une seule banque, alors que son extension prend de plus en plus de l’ampleur.
Le tribunal, retapé après son incendie lors des évènements du Printemps noir, faisait partie des sites vandalisés l’an dernier, aujourd’hui, il n’est qu’une carcasse menaçant ruine pour assurer un décor figé de nature morte. Quant aux services de la justice, le citoyen paisible est seul à payer la facture contraint à aller voir ailleurs.
Même topo du côté du centre culturel de la municipalité mitoyen du tribunal squelettique, gravement affecté lors de ces douloureux évènements, il offre aujourd’hui une image sans âme. Jadis, espace culturel très animé et lieu de rencontre tous azimuts, il avait un actif riche en matière de festivals et autres manifestations culturelles, scientifiques, économiques et éducatives. Depuis qu’il a cessé toute activité un désert culturel plane sur cette métropole et les animateurs culturels sont transformés en SDF.
Harassés de cette traversée du désert, les responsables locaux veulent lancer un défi de redorer le blason de cet espace, pour qu’il soit fin prêt d’ici le mois de mai à abriter le 6e festival du théâtre amateur, et ce en dépit des moyens financiers dérisoires disponibles.
Les services administratifs aussi réduits et perturbés suite à la fermeture du siège de la daïra, qui, néanmoins, est le seul édifice parmi ceux endommagés bénéficiant de travaux de réparation, avec des prestations assurées dans un autre lieu réservé pour la circonstance.
Quant au parc communal, théâtre de vol, et incendies d’engins et véhicules de services public, ses prestations sont réduites, avec comme conséquence principale, une insuffisance dans la gestion et la collecte d’ordures ménagères, souvent entassées dans des endroits durant plusieurs jours. Tout cela sans compter les objets et équipements dérobés de plusieurs endroits et lieux ciblés par les jeunes vandales. Dans le secteur économique, c’est l’unité privée de profilage d’aluminium, Alexo, qui avait subi les affres de ces actes de pillage et de sabotage, plusieurs véhicules de la société mis à feu, avec une partie de la chaîne de production dégradée. Ce qui a poussé la direction à réduire son effectif le temps de remettre sur rails la fabrique en arrêt forcé de production de plusieurs mois. En s’apprêtant à recevoir des grands et nouveaux édifices sur leurs territoires, à savoir une faculté de droit et une cité universitaire, les responsables locaux d’Amizour ont tas de choses à nettoyer devant leur porte, avec en premier lieu la réhabilitation des bâtiments saccagés, mais aussi une grande bataille d’hygiène et de propreté à mener pour redonner une belle image d’antan d’une ville propre.
Nadir Touati

