Des emplois fictifs ?

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Voilà une situation bien délicate qui risque d’éclabousser une assemblée populaire communale qui, il est vrai, n’est pas exempte de tout reproche (le bilan des deux années de gestion parle de lui-même). Vouloir diriger en solo, le maire n’a réussi en fait, au fil du temps, qu’à accentuer la crise et à monter tout le monde contre lui. Les faits reprochés aujourd’hui au premier magistrat sont d’une extrême gravité d’autant plus que c’est de l’argent du contribuable, cette fois-ci, dont il est question.La probable dissolution des assemblées après le retrait des élus du RND et celui envisageable du FLN dans les jours à venir (à moins d’un revirement auquel on nous à habitués), serait la raison qui a fait sortir de leur mutisme ceux qui se sont tus par le passé. Que reproche-t-on au maire, en fait ? On lui reproche entre autres griefs, (deux années après, tout de même) d’avoir désigné par arrêté municipal un délégué spécial sans pour autant qu’il soit permanisé dans cette fonction. Même si dans son article 53, le code communal qui stipule que le P/APC peut sur sa responsabilité, être suppléé dans certaines de ses fonctions par un adjoint ou un élu spécialement délégué par lui, lui confère ce droit, il aurait mieux valu qu’il y’ait consensus entre tous les membres, car la lecture de ce chapitre peut prêter à confusion selon la lecture que l’on veut faire. C’est, d’ailleurs, sur ce point et après nomination par le maire de ce délégué, qu’un élu (Nalouf, pour ne pas le citer) a déclaré : « C’est un salaire de complaisance que le maître offre à un ami ». Un autre article (23) de ce même code communal est beaucoup plus explicite pourtant. Il stipule, en effet et clairement, que lorsque l’éloignement ou la nécessité rend difficiles ou impossibles les communications entre le chef-lieu et une partie de la commune, un délégué spécial peut être désigné après délibération motivée de l’APC.C’est sur ce chapitre que les élus, du moins ceux de l’opposition, ont refusé dès l’installation de l’exécutif, un troisième vice-président étant donné qu’il n’existe aucune antenne communale en dehors du chef-lieu pour nommer un délégué. C’est donc après avoir essuyé le niet des autres élus qui ne partageaient pas sa vision, que le maire a pris seul la décision de désigner ce troisième vice-président, (sans prérogatives, il faut le souligner puisque le délégué en question travaille ailleurs, donc toujours absent au niveau du siège de l’APC). Ce qui, à l’époque des faits, a valu de la part d’un élu indépendant, une dénonciation à travers un article de presse et un affichage dans toute la ville. Mais, revenons à ce délégué spécial par qui ce scandale est arrivé. A priori, rien de grave dans cette désignation si ce n’est que ce délégué cumule deux fonctions, donc deux salaires et c’est là le hic. Il est vrai qu’à l’époque de sa désignation, (décembre 2002) ce vice-président (très spécial) était sans emploi, mais deux mois plus tard, il décroche un poste de travail comme enseignant tout en gardant son salaire d’adjoint au maire. Tout le monde savait et tous se sont enfermés dans un silence complice. Il continue donc en toute tranquillité de percevoir son salaire de délégué tout en travaillant dans son établissement en toute impunité jusqu’en décembre 2004, (deux années après) où le receveur des impôts est saisi par… on ne sait qui. Ce dernier gèle dans un premier temps les salaires de tout le personnel de la commune pour forcer l’APC à rembourser les quelque 24 millions pris illégalement (on parle même d’une somme plus importante).Finalement, après bien des négociations, un accord fut trouvé. Les fonctionnaires qu’on voulait pénaliser pour une faute commise par d’autres, seront payés.Pourquoi avoir attendu deux années, et qui doit payer dans ce cas-là ? Rembourser, oui ! Il faut rendre l’argent du contribuable pris illégalement, mais il faut aussi situer les responsabilités des uns et des autres pour qu’à l’avenir de tels agissements ne se reproduisent plus. Ce qui est tout de même incompréhensif aussi, il faut le souligner, c’est le mutisme des autorités de la wilaya qui, saisies maintes fois pour diverses raisons et par les citoyens et par les élus de l’opposition, n’ont jamais répondu, à croire qu’elles s’accommodent bien de ce qui se trame dans cette APC ou alors que le courrier n’a jamais atterri sur la table de ceux pour qui il est destiné, ce qui serait tout le même grave.Alors, que fera le premier magistrat de la commune pour résoudre ce problème épineux ? Acceptera-t-il, par exemple, de signer le titre de perception obligatoire pour permettre à son poulain de rembourser ce qu’il a pris illégalement ? En toute évidence, même s’il (le maire) refuse de le faire, ce qui n’est pas probable vu qu’il est le premier responsable impliqué dans cette affaire et vu aussi la gravité de ce dossier, le wali peut dans ce cas se substituer au maire et signer ce fameux titre, ce qui obligera la recette de Tichy à effectuer des ponctions mensuelles sur le salaire du délégué indélicat. Il est dommage que ce soit un peu tardivement que l’on déterre une affaire aussi scabreuse. Cette énième affaire qui s’est ébruitée n’est pas la seule qui alimente la rue ces jours-ci.L’agora parle de primes que certains élus se sont partagées. Mais à défaut de vérifier la véracité de ces bruits de rue, ces « on-dit » sont à prendre avec des pincettes. Les langues commencent peut être à se délier en tout cas. L’avenir promet d’autres rebondissements.Pour moins que ça, sous d’autres cieux, c’est devant des juridictions que les présumés auteurs responsables répondent de leurs actes. Affaire à suivre.

A. Malki

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