Le village Ath Vouali à la traîne

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Le village Ath Bouali, relevant administrativement de la commune d’Ath Mansour est, en fait, un ancien camp de concentration aménagé par les forces coloniales.

Un centre de regroupement réputé pour sa tristement célèbre prison, d’où rares sont les prisonniers algériens à en être sortis vivants ou sans séquelles handicapantes. Dans cette prison des cellules, où ont été pratiquées les tortures les plus inimaginables, avaient été aménagées, selon plusieurs témoignages de personnes ayant été séquestrées dans ces salles de tortures. Après l’indépendance, ce camp s’est transformé en village qui abrite, à l’heure actuelle, pas moins de 3 500 âmes. Malgré cette importante démographie, le village n’a pas connu de grandes extensions, avec ses centaines d’habitations regroupées et soudées les unes contre les autres, dans un ordre assez remarquable, cependant, loin de l’anarchie habituelle dont font montre ce genre de site. Chose qui facilite considérablement son aménagement et la réalisation d’indispensables commodités dites d’accompagnement, des équipements et des infrastructures qui accusent malheureusement un retard considérable. A commencer par l’AEP, dont plusieurs citoyens, parmi lesquels des membres de l’association du village baptisé Thousna, affirment qu’ils continuent, même durant l’hiver, à recevoir de l’eau dans leurs robinets à raison d’une seule journée sur trois. Pourtant, en empruntant l’allée centrale, nous avions remarque un bout de tuyau en PVC, de diamètre 120, qui sortait du sol. Renseignement pris, il s’est avéré qu’il s’agit là d’une conduite d’adduction réalisée sur environ 1km et destinée au raccordement de ce village à partir de la future canalisation de captage à partir du barrage Tilesdit qui devrait alimenter El Adjiba, Ahnif et Ath Mansour. Une manière de mettre la charrue avant les bœufs et de faire patienter les villageois. Bien mieux, ce bout du tuyau d’environ 1métre, qui surgit du sol, est bourré de cailloux, de chiffons et d’autres détritus, son extrémité n’étant pas protégée, par conséquent, le jour de son raccordement et de sa mise en service, il y aura forcément problème. L’autre manque constaté ce sont les rues et les ruelles qui sont non aménagées, hormis la route principale qui relie Ath Vouali à la RN05 et une partie du quartier bas. De plus, au niveau de ce même quartier, un ouvrage d’éclairage public flambant neuf a été réalisé il y a environ 2 ans, d’après nos accompagnateurs qui affirment qu’il a fonctionné durant quelques nuits, à titre d’essai, avant d’être frappé d’une « cécité totale », alors même qu’un 5ème fil d’éclairage public existant sur l’ancien ouvrage, à proximité de la mosquée, est à peine à 20m. L’un des citoyens croit savoir que cet équipement n’a pas été mis en service à cause d’un faible débit du courant électrique. Sur la partie supérieure du village, les résidents nous apprendront que le réseau d’assainissement, datant de… 1968 et réalisé de la manière la plus rudimentaire, à l’aide de pierres plates (à la manière… romaine), d’où de fréquents éclatements et avaries qui leur mènent la vie dure. D’autres évoqueront encore les chutes de tension sur leur réseau de distribution d’électricité comme ils nous apprendront, par ailleurs, que plusieurs habitations ne sont pas encore raccordées au gaz de ville. Parmi ceux n’ayant pas bénéficié de cette commodité figurent des « démunis qui ne peuvent pas supporter les frais d’installation », précisent-ils. Notons, enfin, sur un autre volet, qu’un groupe de jeune d’Ath Vouali insiste pour faire part de l’absence totale d’infrastructures sportives ou de loisirs, dans ce village isolé qui reçoit rarement la visite d’officiels, et est, par conséquent, relégué à l’arrière plan pour ne pas dire mis aux oubliettes.

Oulaid Soualah

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