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“Le nouveau code communal a réduit l’élu local aux seules tâches subalternes”

La Dépêche de Kabylie : Quel état des lieux faites-vous du développement dans votre commune ?

Smili Ahmed : Le développement local est à considérer comme un vecteur d’aménagement du territoire et aussi un processus organisationnel, aussi les actions entreprises depuis notre installation (en décembre 2005) sont imposées par l’urgence. On ne planifie pas au milieu d’une crise. Mais, au fur et à mesure, nous avons réussi à éviter beaucoup de crises : le manque d’eau, la dégradation du réseau routier, le gaz de ville, l’aménagement urbain, l’éclairage public, l’habitat rural etc. Aujourd’hui, la commune est raccordée à 95 % au gaz de ville, le nombre de permis de construire que nous délivrons annuellement dépasse les 300 et depuis 2006 à ce jour plus de 350 personnes ont bénéficié de l’aide à l’auto-construction. Autant de réalisations à inscrire à l’indicatif de notre assemblée, néanmoins beaucoup de travail reste à faire pour que Tala-Hamza soit réellement la banlieue de Béjaïa.

A dix mois environ de la fin de votre mandat, est-ce que vous avez réussi à réaliser les objectifs que vous vous êtes tracés dans votre programme de campagne ?

Au-delà des échéances et des objectifs que nous nous sommes tracés, notre action s’inscrit dans la durée. La stabilité est l’une des règles d’or de la bonne gouvernance au sens de consacrer une assise pérenne à toute politique de développement. Ceci étant, seul le citoyen est apte à juger notre action, mais aussi notre flexibilité à répondre aux doléances de la population…

L’Etat octroie chaque année aux communes, généralement, 2,8 milliards de centimes dans le cadre des PCD. Est-ce que vous jugez ce montant suffisant pour amorcer un vrai développement local ?

Le montant alloué annuellement dans le cadre des PCD reste en deçà des attentes citoyennes. A cet égard, l’Etat est interpellé pour diversifier les financements des grands projets et aussi une célérité dans les interventions. Des retards considérables sont enregistrés dans les programmes PSD, et les conséquences sont souvent imputables à des facteurs exogènes (lenteur dans l’approbation des marchés publics).

Quels sont les vrais problèmes dont souffre la municipalité de Tala Hamza ?

A l’instar de la majorité des communes du pays, Tala-Hamza souffre d’un manque de réserves foncières à même de recevoir des équipements publics. Les terrains y existants sont, soit agricoles, et la procédure de reprise est désormais lente et compliquée, ou accidentés. Même le privé est réticent pour des transactions avec la commune, et des fois, c’est à raison que les citoyens refusent de céder leurs terrains sans contrepartie.

Comment avez- vous fait face à ces préoccupations ?

Face à ces préoccupations, nous avons privilégié le consensus et nous sommes extrêmement attentifs à préserver les équilibres, car c’est à ce niveau que la demande sociale s’exprime des fois d’une manière récurrente. Et, Dieu merci, nous avons surmonté l’étape la plus difficile, où la population est privée d’eau durant plusieurs jours, et où les routes sont impraticables.

Vous avez déjà saisi le ministère de l’Education pour l’inscription d’un lycée dans votre commune. Est-ce que vous avez obtenu une réponse favorable ?

Pour l’instant, aucune réponse ne nous est parvenue du ministère de l’Education quant à l’opportunité d’inscrire un lycée à Tala-Hamza. Mais, nous sommes convaincus que nos arguments sont recevables et cet équipement servira non seulement aux enfants de Tala-Hamza, mais aussi à ceux de Béjaia et Mellala. En somme, ce lycée représente un bon investissement et une planification utile.

Quelle appréciation faites-vous du nouveau code communal qui est déjà entré en vigueur?

Le code communal ainsi promulgué a consacré non seulement la mainmise de l’administration, mais a réduit l’élu local aux seules tâches subalternes. Même l’élection du maire n’a pas échappé à la volonté de l’administration de tout contrôler. Désormais, ce sont les coulisses qui désigneront le maire et non la volonté du peuple. On a osé toucher à un principe intangible de la démocratie locale, et le parti unique n’a pas fait mieux. En outre l’absence d’un statut de l’élu où seront définis non seulement le régime indemnitaire, mais aussi les attributs de la fonction, la protection sociale, sa réinsertion après son mandat, sont autant de préoccupations que les pouvoirs publics doivent prendre en charge. L’Etat saurait reconnaître les siens.

Propos recueillis par Boualem Slimani

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