Initiée par l’association culturelle “ Thafrara” de Draâ Ben Khedda, une conférence débat, la première du genre, a été animée par Hocine Azem, à l’occasion du 29e anniversaire de la mort du chanteur Slimane Azem ( 1918- 1983), en présence de sa soeur Nna Hadjila ( 81 ans).
Le conférencier, qui n’est autre que le cousin du père du chanteur, a été pour rappel, vice président du Congrès Mondial Amazigh (CMA) durant deux mandats ( 2005-2009). Au cours de sa longue et passionnante communication, le conférencier s’est attardé sur le parcours de l’homme, du chanteur et de son oeuvre. Il s’est particulièrement focalisé sur le travail entrepris par Dda Slimane, même en exil. Le premier volet de la conférence est relatif à la vie de Dda Slimane, un enfant d’une famille nombreuse, à l’instar des familles kabyles de l’époque. “ Il fit ses études primaires à l’école du village Agouni Gueghrane. C’était un mordu des Fables de La Fontaine. A l’âge de douze ans, il quitta le village pour aller travailler à Alger, plus précisément à Staouéli, chez un colon. Il rejoignit son frère en France en 1937. Il y travailla dans l’entreprise du Métro de Paris en 1939. Avec la 2ème guerre mondiale, il fut arrêté en 1942 et incarné au camp de travail près de Strasbourg pour être libéré en 1945. Il tenait un café en gérance et il y organisait des fêtes familiales. Suite à sa rencontre avec le chef d’orchestre Mohamed El Kamel, il suivit les conseils de ce dernier et enregistra ses chansons. Slimane Azem a connu le militantisme dès son jeune âge puisque, il adhéra au PPA/MTLD en 1946. La chanson dans laquelle il faisait allusion aux évènement du 8 Mai 1945 n’a pas été enregistrée. Cependant, la chanson sur le colonialisme français Afagh a yajradh Thamurthir (1956) lui coûta une expulsion, par mesure disciplinaire, en Algérie en 1957. Il était placé sous contrôle judiciaire dans la commune de Draâ El Mizan. Avec l’arrivée de De Gaule, au pouvoir, il est libéré et partit en France (1959) pour ne plus revenir au pays. Le conférencier aborda, par la suite, le militantisme et l’amour du pays de Dda Slimane. Il espérait voir, à l’indépendance du pays, une Algérie démocratique et plurielle. La chanson L’histoire de la grenouille a provoqué les interdictions de toutes les chansons du chanteur. En 1965, il faisait partie des membres fondateurs de l’Académie berbère avec Taos Amrouche, Farid Ali, Mohand Arab Bessaoud et Mohamed Khelifati. En 1966, lors d’un un gala de soutien à Israël, lors de la guerre de 1966, le nom de Slimane Azem a été rajouté au stylo, sans son consentement, ce qui a mis le chanteur dans de beaux draps et eut l’effet d’une bombe. Il fut interdit d’entrer au pays. Pour la communauté émigrée, pour les algériens du monde entier, il était devenu un repère. Il ne cessa de produire des œuvres très riches que le conférencier ne manqua pas de qualifier d’immortelles. En 1982, se sentant très fatigué et malade, il organisa un gala d’adieu.Le conférencier révèle : “ Ce jour-là il faisait sa dernière volonté être enterré en France. Il mourut à l’hôpital de Moissac, le 28 Janvier 1983. L’idée du rapatriement des os du défunt est gestation.
Arous Touil

