“Mon père a acquis cette maison depuis 1966”

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Après six mois de lutte acharnée entre protestation publique, fermeture de routes, saisie des autorités concernées ainsi que d’autres actions en vue d’amener les pouvoirs publics à classer la maison des Amrouche au patrimoine culturel national, l’association Taos et Jean El Mouhouv Amrouche d’Ighil Ali est aujourd’hui devant l’impasse.

Face à “l’indifférence de l’Etat” par rapport à cette affaire et à “la pression exercée par l’actuelle occupant” de ladite maison qui veut y engager des travaux de rénovation, la situation se corse davantage et semble bien loin de voir la lumière au bout du tunnel. D’une part, un monument d’une grande valeur symbolique et morale est menacé de profanation, de l’autre un propriétaire désireux d’habiter dans la décence qui engage des travaux de rénovation qui risquent de dénaturer l’architecture initiale de la bâtisse construite par les mains de Belkacem Amrouche, père de Taos et de Jean El Mouhouv. Un des fils de l’actuel occupant de ladite demeure, visiblement touché par la campagne de “dénigrement” lancée contre son père, s’est rapproché hier de nos bureaux, documents officiels à la main, attestant que la maison qui appartenait autrefois aux Amrouche est bel et bien la propriété légale de son père depuis 1966, l’année de l’acquisition par ce dernier de ce bien immobilier par un arrêté délivré par le sous-préfet d’Akbou à l’époque. Un autre document atteste du fait que l’actuel occupant s’est acquitté depuis 1984 de tous les frais afférents à l’octroi de ce bien acheté à l’Etat. Notre interlocuteur a tenu à préciser que la maison en question est basée au lieudit “Marie Rose», un ancien quartier chrétien qui a vu toutes ses maisons attribuées à des sommes symboliques aux citoyens le lendemain de l’indépendance de l’Algérie. Vu l’ancienneté de ces maisons, ajoute-t-il, certaines d’entre elles, à l’instar de celle qui abrite mon père actuellement, menacent de s’effondrer d’où la nécessité d’engager des travaux de rénovation. “Mon père a été largement diabolisé harcelé alors qu’il voulait tout simplement habiter dans la décence et la sécurité en remettant en place un mur qui menaçait d’effondrement», dira notre interlocuteur, avant d’ajouter que “seule l’intervention de l’Etat peut dénouer cette crise.” Certes, il peut paraître légitime que l’occupant de la maison des Amrouche veuille remettre en état sa propriété mais il n’en demeure pas moins que ça reste la demeure qui a vu grandir Taos et Jean El Mouhouv Amrouche. Un avis du reste partagé par d’aucuns dans la wilaya de Béjaïa, voire au-delà. Rien qu’avant-hier, des centaines de citoyens se sont rassemblés devant le siège de la wilaya pour réclamer le classement de la demeure de “bannis’’ Amrouche comme patrimoine culturel national. Une revendication maintes fois réitérée par ces citoyens soucieux notamment de réhabiliter un nom “omis” par les pouvoirs publics.

M. H. Khodja

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