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Les boules de neige supplantent les doubles bombes

Conséquence de la vague de froid qui s’abat sur la majeure partie du nord du pays depuis le début de cette semaine, les fameux pétards qui apparaissent lors de la fête du Mawlid El Nabaoui, n’ont franchement pas fait recette cette année. Ainsi, et contrairement aux autres années où les «festivités» commençaient des jours, voire des semaines, avant le jour du Mouloud, cette année, la neige et le froid ont quelque peu bouleversé les habitudes et les us des citoyens. En effet, les détonations assourdissantes des «doubles bombes» et autres «canons», n’ont pas retenti à Bouira, au grand bonheur des uns et, surtout, au grand dam des revendeurs de pétards. « Cette neige nous a ruiné !», fulminera Omar, vendeur à la sauvette de son état. «Pourtant, tout était bien parti pour faire un bon pactole… Je ne sais plus quoi faire de cette marchandise désormais !», dira-t-il d’un ton amer. Il est vrai que les citoyens de Bouira ont, pour ainsi dire, boudé les produits pyrotechniques. Les batailles de boules de neiges, et autres loisirs liés à la poudreuse, se sont substituées aux déflagrations des pétards. Partout, les mômes avaient une bonne grosse boule blanche à la main, prêts à «dégainer» sur tout ce qui bouge ! « Pour une fois qu’il neige en abondance, on ne va pas s’en priver !», dira un mouflet d’à peine 8ans qui enchaînera avec une lucidité déconcertante : «Par ce froid, il faut être stupide pour faire exploser des pétards ! Il neige à profusion, alors on a de quoi s’amuser ! ». D’ailleurs, et sans jeu de mot aucun, par ce temps humide et glacial, il n’est pas évident de faire péter ces feux d’artifices. De leur coté les parents étaient plus que ravis de ces chutes de neiges et, surtout en cette fête du Mouloud, comme l’expliquera Ahmed, père de 4 enfants, «d’habitude, je suis contraint d’acheter ces produits à mes enfants, tout en sachant pertinemment les dangers qu’ils représentent », a-t-il avoué avant de préciser que « cette année, je me réjouis de ce mauvais temps qui prédomine ! D’un coté c’est extrêmement beau, mais surtout, mes gosses ne m’ont, à aucun moment, exigé de leur acheter des pétards ! Ils s’adonnent à cœur joie avec la neige et moi je suis en paix!». Autre conséquence de cette offensive hivernale, les squatteurs et autres marchands informels ont délaissé les engins explosifs pour un commerce plus lucratif en ce temps polaire. Ainsi, les moufles, doudoune et autres canadiennes ont fait leur apparition sur les étals, à la place des pétards. « Il faut s’adapter à toutes les circonstances », signalera ce vendeur ambulant de la place Rahim Gallia, et d’expliquer : « En toute franchise, j’ai ramené un gros stock de double bombe et de pétards en tout genre, mais j’ai vite fait de m’en débarrasser à perte…je dois bien l’avouer, pour me consacrer à ce qui marche le mieux en ce moment, à savoir, les vêtements d’hiver». Un autre, qui s’est dit avoir « flairé le bon coup », n’a pas hésité à se vanter devant ses camarades estimant qu’il était « heureux de ne pas avoir claqué mon argent en pétards ! J’ai préféré investir dans les bottes et les parquas, je savais pertinemment qu’une vague de froid se préparait !». Toutefois, et malgré l’ambiance générale qui tendait vers le boycott des produits pyrotechniques, quelques irréductibles n’ont pas hésité à braver le froid et la neige pour faire «exploser» leur joie au son des fusées et des doubles, et même triple, bombes. En conclusion, on peut estimer que dame nature a réussi là où les autorités n’ont pu le faire, à savoir, proscrire les pétards et leurs méfaits.

Ramdane B.

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