Flambée inégalable des prix des fruits et légumes

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Comme toujours à la veille de fêtes, les prix flambent, mais cette fois-ci et à causes de ces dernières intempéries, cela dépasse tout entendement. Depuis samedi dernier, les ardoises sont réécrites des dizaines de fois par jour. Le prix affiché à huit heures n’est pas celui de midi et ne sera pas celui de l’après-midi. A chaque heure, son prix. On a constaté que celui de la pomme de terre a été changé quatre fois dans la journée en passant de quarante-cinq dinars pour atteindre soixante, puis quatre-vingts dinars. Et puis, ce que tous les clients ont remarqué est cette arrogance des marchands. Derrière leurs étals, ils font même de la provocation. “Demain, vous aurez de la pomme de terre à cent dinars», répondent-ils à ceux qui leur signifiaient que c’était une pure spéculation. D’étal en étal, les prix diffèrent. La carotte vendue à vingt-cinq dinars peu avant la neige a atteint avant-hier jeudi soixante-quinze dinars. “Est-ce vraiment une nouvelle marchandise?», demandait un client à un marchand avec lequel il avait engagé une discussion. “Achète ou va-t-en», lui avait rétorqué le marchand. Et de pareilles scènes désolantes, il y en a eu tellement, avec des rixes qui ont éclaté entre clients et marchands. Les consommateurs affolés devant la situation qui prévaut ne font alors qu’abdiquer. “Tout a augmenté», nous a signalé l’un d’eux. Et d’ironiser : “même les bottes ne sont pas épargnées. Regardez là-bas, ils se bousculent même pour une paire de bottes à mille dinars alors que d’habitude, elle ne dépassait pas cinq cents dinars”. Il nous a été donné de constater que tout le monde voulait avoir tout comme s’il s’agissait d’un état en guerre. Continuant notre virée dans ce marché qui commençait à se vider, nous avons relevé ces prix qui sortent de l’ordinaire: navets à soixante dinars, oignons à cinquante dinars, choux-fleurs à quatre-vingt-dix dinars le kilo, tomate à cent dinars, poivrons entre cent et cent quarante dinars, un plateau d’oeufs à trois cent quarante dinars… Dans les magasins d’alimentation générale, ce sont les légumes secs et les pâtes alimentaires qui ont battu le record des ventes. On trouvera en premier lieu les lentilles, suivies des haricots blancs, puis les autres. Là encore, les prix ont été revus à la hausse sans que le client ne s’en aperçoive. Encore fois, cela a démontré que les anciens réflexes de nos ancêtres et leur mode de gestion ont carrément disparu de notre société. “Vous savez, on vit au jour le jour. Quand quelqu’un n’a pas de sucre, il achète un kilo, et quand il n’a pas de lentilles, il envoie son enfant pour acheter un autre kilo et ainsi de suite. Or, nos ancêtres préparaient les provisions à l’avance. Ils avaient des jarres remplies de blé dur, d’autres de figues sèches, d’autres d’huile d’olive et des hangars pleins à craquer de bois sec. Où sont toutes ces bonnes prévisions ?“, nous a expliqué ce centenaire qui se souvient très bien de ce que faisaient ses parents dans les moments difficiles. Et pour en finir, on terminera par cette morale toujours du fabuliste français Jean de La Fontaine : “Eh bien, dansez maintenant”. Cela résume tout. La faute ne revient ni à la neige ni aux commerçants ni à l’Etat, mais beaucoup plus à l’homme d’aujourd’hui particulièrement chez nous dans la société kabyle.

Amar Ouramdane

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