Les vétérinaires reprennent le travail

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Au 3e jour du mouvement de protestation lancé par le corps des vétérinaires, relevant de la fonction publique et alors que le secteur se trouvait complètement paralysé, un taux de suivi de 100% ayant même été avancé, un coup de théâtre s’est produit, brisant net l’élan des protestataires. La tutelle, forte d’une décision de la Cour d’Alger, est intervenue déclarant la grève illégale, invoquant notamment des délais non respectés et enjoignant dans la foulée, aux vétérinaires de reprendre le travail sous peine d’être purement et simplement remerciés. Stupeur et consternation donc, chez les vétérinaires qui ont, la mort dans l’âme, gelé leur mouvement en attendant de reprendre les hostilités, cette fois-ci devant la justice, après qu’une plainte eut été déposée par la tutelle. La grève des 9 et 10 écoulés puise ses racines, selon notre source, dans le non-respect et la non-application de l’accord de principe arraché par le syndicat national des vétérinaires, fonctionnaires de l’administration publique. Lors d’une quadripartite ayant regroupé, outre les représentants des travailleurs, ceux des ministères de la Fonction publique, des Finances et de l’Agriculture. Cet accord prévoyait la revalorisation de l’indemnité spécifique et globale en sus de l’octroi de deux primes sur l’ensemble des primes réclamées. Ne voyant rien venir, les vétérinaires se sont décidés à passer à l’action et un préavis de grève a été déposé le premier octobre, pour une action à entamer le 9 du même mois. Autre revendication, et non des moindres, défendue par les protestataires, la revalorisation des moyens de travail…Au premier jour du débrayage, huit abattoirs sur les onze que compte la wilaya ont affiché portes closes. Seuls ceux de Kherrata, Tazmalt et à un degré moindre, Bgayet (avec 4 abattages uniquement), ont quelque peu ignoré le mot d’ordre de grève. Seulement, la viande issue de ces abattoirs n’a pas subi le moindre contrôle vétérinaire. Il s’agit là, selon la terminologie utilisée par le docteur Idres, chargé de la santé animale, d’“abattages clandestins”. Avec tous les risques que cela fait encourir à la population ! Le port de Bgayet à son tour a été touché par le mouvement de protestation des travailleurs de la santé animale. Aucune viande, aucune denrée alimentaire n’ont été contrôlées les journées des 9 et 10 octobre. Seuls les animaux vivants ont été soumis à l’examen vétérinaire. Là, on parle d’un service minimum rendu exigible, toujours selon le docteur Idres par l’absence au niveau du port de lazarets, ces espaces de repos et de quarantaine pour les bêtes. Comme il a été instauré un système de permanence au niveau des abattoirs pour les cas d’abattages d’urgence. D’autres actions, pour les situations où la santé publique est menacée sont prévues (cas de rage ou d’intoxication alimentaire). A noter que cette grève de deux jours n’a eu aucune incidence sur l’approvisionnement en viande. Les différents intervenants, maquignons, bouchers et importateurs, prévenus, ont pris toutes leurs précautions avant le 9 octobre. La frustration est grande chez nos vétérinaires freinés et sommés d’arrêter une action qui a fait, dans leurs rangs, l’unanimité. Mais de découragement ou de regrets, point ! Car tous sont persuadés de la légitimité et de la justesse de leur action. L’enjeu étant la réhabilitation d’une profession quelque peu déconsidérée, à l’heure même où de nouveaux périls s’annoncent. L’un deux porte le nom, dont la seule évocation, fait froid au dos : la “grippe aviaire”.

Mustapha R.

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