Depuis la convocation du corps électoral par le Président de la République en date du 10 février et même avant, la campagne anti-abstention s’accélère.
D’ailleurs, lors du discours à la nation prononcé par le président de la République afin de convoquer le corps électoral pour cette échéance, Bouteflika a conclu par cette phrase qui en dit long sur l’importance qu’il accorde à la participation des électeurs : » Il nous incombe, tous ensemble, d’être à la hauteur de cette échéance décisive en votant massivement et de nous doter d’une assemblée populaire nationale légitime et crédible « . En réalité en pareilles circonstances, les medias lourds, notamment la télévision et les radios ont un rôle très important à jouer pour inciter les citoyens à aller voter. Hormis les chefs de partis qui en ont fait de même lors de leurs sorties sur le terrain, une nouvelle campagne d’envoi de SMS aux électeurs a été lancée par le gouvernement. Après le SMS sensibilisant les Algériens sur l’importance du vote, les pouvoirs publics invitent maintenant les citoyens à s’inscrire sur les listes électorales. » L’inscription sur la liste électorale de votre commune de résidence vous permettra d’avoir votre carte d’électeur et voter lors des législatives de 2012 « , lit-on sur un message envoyé le week-end dernier aux clients des opérateurs de téléphonie mobile. Pour les autorités, le téléphone mobile est le meilleur moyen d’atteindre l’ensemble de la population. Avec plus de 30 millions de clients, les opérateurs de téléphonie mobile Djezzy, Mobilis et Nedjma peuvent toucher presque la totalité de la population. C’est ainsi que depuis vendredi 20 janvier, les trois opérateurs de téléphonie mobile, Djezzy, Nedjma et Mobilis, bombardent leurs clients avec le SMS suivant rédigé en arabe et en français et émanant du département de l’Intérieur : » Message du ministère de l’intérieur : Voter est un acte de citoyenneté et de responsabilité « , lit- on dans les messages envoyés aux abonnés. C’est que Djezzy, Nedjma et l’opérateur public Mobilis totalisent plus de 25 millions de clients à travers le territoire national, selon les derniers chiffres communiqués par le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication. Confrontés au spectre d’une très forte démobilisation des électeurs, gouvernement et partis politiques de la coalition présidentielle et de l’opposition multiplient les appels à une participation massive lors des élections qui se dérouleront le 10 mai prochain. Mais le mobile n’est pas l’unique moyen utilisé par les autorités pour inciter les Algériens à s’inscrire sur les listes et à aller voter.
L’ENTV et les mosquées se lancent également dans la mobilisation
Depuis quelques semaines, , la télévision diffuse une campagne appelant à voter : » soyez au rendez-vous « . Les imams sont autorisés à convaincre les citoyens d’aller voter. Les autorités redoutent un fort taux d’abstention aux prochaines élections. Une telle perspective pourrait peser sur la crédibilité du scrutin. En réalité en pareilles circonstances, les medias lourds, notamment la télévision et les radios ont un rôle très important à jouer pour inciter les citoyens à aller voter. Les campagnes d’appel pour aller voter, l’organisation d’émissions spéciales, des invitations aux candidats de différentes sensibilités à venir étaler au grand jours les programmes de leurs partis et pourquoi pas des émissions en direct conçues de manière à faire rencontrer le candidats pour un débat d’idées… auront à coup sûr un impact efficient sur la prise de décision des citoyens en ce jour où l’avenir de l’Algérie
aura à se jouer.
Appel à une participation massive
Cette participation demeure la grande inconnue des élections. Et cela, en toute logique, donne du souci au gouvernement et sans doute aussi aux partis politiques devant participer à ce rendez-vous électoral. Et l’on comprend dès lors pourquoi le président de la République, n’a pas fait l’impasse sur cette question. » J’attends des partis politiques, des syndicats et des organisations de la société civile qu’ils œuvrent ensemble à mobiliser les électeurs et les électrices, les jeunes en particulier, afin qu’ils s’acquittent de ce qu’implique la citoyenneté loyale et sincère, de disponibilité à accomplir le devoir civique et politique, à choisir les programmes et juger les hommes et les femmes en fonction de leur probité et de compétence » dira à cet effet, le chef de l’État dans son discours. En somme, les partis politiques auront à assumer une lourde responsabilité dans le cas où la participation serait faible ou moyenne. Et au président Bouteflika d’ajouter que » les partis politiques seront incontournables lorsqu’il s’agit de la crédibilité de l’efficience et du respect total des règles régissant les prochaines élections législatives. Leur rôle consistera à mettre au point des programmes viables et sérieux, à même de répondre concrètement aux préoccupations des citoyens, à trier et désigner des candidats et candidates capables d’assumer pleinement le mandat parlementaire, et à ouvrir largement la voie aux femmes et aux jeunes qualifiés de manière à enrichir la composante humaine de nos institutions constitutionnelles de femmes et de jeunes compétents « . Plus direct dans son invite à une plus grande participation, où il n’a pas manqué de faire un clin d’œil aux jeunes, le chef de l’État dira que » nous attendons des électeurs et électrices qu’ils se mobilisent pour exprimer, librement et souverainement, leurs suffrages et traduire la volonté du peuple « . Faire appel aux citoyens pour les convaincre à mettre leurs bulletins de vote dans l’urne est non seulement un acte citoyen, mais, plus important encore, afin d’éviter, comme par le passé le spectre de l’abstention. Et cette forme, même si elle est légale, n’arrangera nullement l’affaire des candidats de la mouvance démocratique. Elle fera pencher la balance en faveur du courant fondamentaliste. Et la suite sera dramatique pour le pays. Les Algériens n’ont pas besoin de détails de ce qui leur sera assigné pour la simple raison qu’ils ont eu déjà à la subir dans leur chair.
Ferhat Zafane