Le décor est terrible, arbre fruitiers, eucalyptus, sapins et même les puissants chênes liège ont cédé sous le poids de la neige, mais l’olivier reste de loin le plus touché.
«Je me souviens bien des hivers rudes d’autrefois, quand nous étions encore de petits enfants. J’ai aussi en mémoire les récits de mes parents et grands parents, narrant les mille et une misères que leurs faisaient subir les hivers, mais de mémoire d’homme, je n’ai jamais assisté ni entendu quelque chose de comparable à la dernière tempête de neige qui a frappé le nord de notre pays en général et la Kabylie en particulier ». C’est ce que nous confie un vieux de la région d’Ikedjane sur les hauteurs de la commune de Tifra, en évoquant la récente tempête sibérienne qui a frappé la région, durant plus de dix jours sans interruption causant d’innombrables dégâts au couvert végétal. En effet, si l’être humain s’en est sorti indemne, hélas, ce n’est pas le cas de son milieu naturel, à savoir la faune et la flore de la région. Le décor est terrible, arbre fruitiers, eucalyptus, sapins et même les puissants chênes liège ont cédé sous le poids de la neige, mais l’olivier reste de loin le plus touché. 80% des oliviers situés dans la haute région ont été touchés de plein fouet, subissant du coup des dégâts considérables, au grand dam des citoyens de cette région, qui ont déjà vu leurs récoltes fortement amoindries la saison passée. Toujours dans le même chapitre, il est à signaler que la faune sauvage de la région a aussi subi de gros dégâts. Des citoyens de Tasga nous rapportent qu’ils ont vu beaucoup de sangliers, oiseaux et chacals sauvages morts aux alentours du village, sans doute terrassés par les températures polaires et la faim qui ne leur ont laissé aucune chance de survie. Des éleveurs habitués de la haute montagne d’Akfadou nous ont aussi signalé que, du fameux troupeau de bovins sauvages, qui peuplaient ces vastes étendues et qui a de tout temps résisté à tous les hivers passés, il n’en reste désormais que la légende et le nom, puisque 90% des sujets, soit plus de 100 têtes, ont péri durant cette tempête. La pénurie de gaz butane a fortement perturbé l’activité des éleveurs de volaille et des centaines de ruches ont été ensevelies sous des tonnes de neige. En attendant le bilan final, à l’heure actuelle nous ignorons encore l’étendue des dégâts causés à ces éleveurs.
Arezki Toufouti

