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Mouloud Mammeri, la mémoire du présent

L’Amusnaw, continue toujours d’être présent dans les cœurs et les esprits de celles et ceux qui se sont «abreuvés» de son savoir et de ses œuvres immortelles.

Vingt trois ans après sa tragique, et non moins énigmatique, disparition dans un accident de circulation, le 25 février 1989, du côté de Aïn Defla lors de son retour du Maroc où il prit part à un colloque sur ce qui a été sa raison d’être sa vie durant, Tamazight en l’occurrence, Mouloud Mammeri, l’écrivain romancier, l’anthropologue ethnologue et, d’une manière plus savante, l’Amusnaw, continue toujours d’être présent dans les cœurs et les esprits de celles et ceux qui se sont « abreuvés » de son savoir et de ses œuvre immortelles et qui, contre toutes velléités de renoncement et de reniement de notre culture et de notre histoire, ont fait le serment de poursuivre sur sa voie et, surtout, de ne jamais « marchander » son héritage ni par « l’opium » ni par « le bâton ». L’association culturelle «Talwit» des Ath Yenni, fidèle à ce serment, a battu, encore une fois, le rappel de ses troupes pour organiser un hommage dû à cet illustre écrivain, à l’occasion du 23èmeanniversaire de sa mort. Depuis le 26 février courant, et jusqu’à aujourd’hui le 29, cette association culturelle locale, sous l’égide de la direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou et de l’APC de Beni Yenni, en dépit des faibles moyens dont elle dispose, a mis sur pied un programme riche et diversifié pour perpétuer et vulgariser l’œuvre de celui qui « a rendu infini le temps des berbères », comme aime à le souligner, à chaque fois, M. Slimane Hachi, un autre illustre érudit de la région d’Ath Yenni. Hier encore, la commune de Beni Yenni aura été la destination privilégiée de tous ceux pour qui Dda L’mouloud Ath Maamar demeurera le précurseur du combat identitaire et démocratique de ce pays, en faisant le déplacement vers Taourirt Mimoun pour se recueillir et lui rendre hommage et, surtout, lui renouveler le serment que son combat et son œuvre ne seront « jamais dévoyés », comme l’a souligné la représentante du Congrès Mondial Amazigh. Il y avait également le directeur de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, M. Ould Ali El Hadi, le directeur du Théâtre régional de Tizi-Ouzou, M. Ameyar Smaïl, M. Haroun Hocine, artiste peintre et élu à l’APW de Tizi-Ouzou ainsi que des représentants des Lycéens de l’établissement Si Ahcene Outaleb de Beni Yenni, tous venus honorer la mémoire de Mouloud Mammeri. Pour M. Sami Cherat, président de l’association « Talwit » organisatrice de cette commémoration, « les conditions climatiques vécues par notre région nous ont empêchés de réaliser tout notre programme, mais par devoir de mémoire et de reconnaissance, nous avons fait l’effort de réaliser au moins cet hommage ». En effet, bien que les conditions ne soient pas favorables, l’exposition retraçant l’œuvre et le parcours de l’auteur du « Sommeil du juste » a été mise à la portée du grand public au niveau de l’espace culturel Mouloud Mammeri de Beni Yenni, et les films adaptés du même auteur, Machahu et la Colline Oubliée, ont été projetés durant cette période de commémoration, pour sortir des manifestations folkloriques habituelles, car pour les organisateurs, « le folklore n’est pas la culture du peuple, il en est, dans le meilleur des cas, la caricature et, dans le pire, la négation », comme l’a si bien décrit Dda L’Mouloud. Après la cérémonie de dépôts de gerbes de fleurs et dans le cadre du même programme, une conférence sur l’œuvre et la portée du travail de Mouloud Mammeri a été animée, en fin de journée, par le Dr Saïd Chemmakh, du département de langues étrangères de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. La soirée a été clôturée par une animation artistique avec le chanteur Ali Méziani. Tous les représentants des différents organismes, mouvements sociaux ou culturels et les personnalités politiques présentes lors de cette commémoration ont souligné le rôle qu’a joué Mouloud Mammeri, durant toute sa vie, pour l’éveil des consciences, la démocratisation et la « libération » de notre culture, même si le pouvoir, jadis en place, était resté sourd à « tous les appels de son peuple », parce que, disait l’Amusnaw, « si les voix de1980 avaient été entendues, elles auraient épargné les drames de 1988 ».

Nassim Zerrouki

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