Présence poignante de feu Issiakhem, son maître

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C’est à l’occasion de la journée mondiale de la femme que l’association estudiantine Arts et Etudes de l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa a organisé une exposition des œuvres de peinture de l’artiste Kaci Zahia, laquelle a animé lundi, pour la circonstance, une conférence ayant pour thème : Je dis, je raconte&hellip,; durant laquelle elle tentera de dévoiler ses tableaux. Toutefois, elle avertira les présents que son parcours s’est alimenté de son vécu et que le travail pictural intervient à chaque fois dans sa fragilité et sa sensibilité. La mère et l’enfant a été son premier tableau et d’ailleurs elle dira qu’il a été peint un jour, alors qu’elle était encore étudiante, où elle quittera la maison pour rejoindre l’atelier en laissant sa mère, malgré son état maladif, tenant son petit frère dans ses bras et donnant à téter à ce dernier. De la protection à la prière pour la paix en passant par l’hommage à M’hamed Issiakhem ou encore la méditation, les différents tableaux de l’élève d’Issiakhem, dont chacun a une histoire, ont tous une empreinte très poignante de l’assassinat du mari de l’artiste durant la décennie noire et de la disparition, bien plus tôt, de son maître de toujours M’hamed Issiakhem à qui elle voue apparemment une admiration jusqu’au jour d’aujourd’hui. Diplômée de l’école nationale d’architecture et des beaux arts d’Alger, Kaci Zahia née Bouchebaba a enseigné le dessin aux lycées Jules Ferry, Victor Hugo et Ourida Meddad d’Alger avant de rejoindre la société Sonelgaz où elle exercera les fonctions de chargée d’études à la structure communication de la direction générale, durant une quinzaine d’années. Elle prendra une retraite anticipée en 1998 pour se consacrer à l’art et à la participation aux différentes expositions mais hélas c’est cette année là que la horde terroriste assassinera son mari. La rencontre de trois journées qu’elle a eues avec les étudiants de l’université de Béjaïa a été intitulée «Les gardiennes du patrimoine» par les membres de l’association organisatrice de l’événement, à sa tête Fodil et l’excellente oratrice Djamila qui soulignera que Kaci Zahia fait partie de celles qui ont gagné leur droit d’être femmes. Dans le prospectus qu’ils ont conçu pour la circonstance, les membres de l’association ont rappelé la citation de Jean Dubuffet qui avait dit que l’art est un grand enchantement pour l’homme. Le besoin d’art est pour l’homme un besoin tout à fait primordial, autant et plus peut-être que le besoin de pain. Sans pain, l’homme meurt mais sans art, il meurt d’ennui. Ils concluront qu’avec Kaci Zahia, l’artiste peintre et élève de M’hamed Issiakhem, une dame vaillante de notre paysage artistique, on ne risque pas de mourir d’ennui.

A. Gana

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