Tamazight, le pain et la paix

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Quand, le président de la République vient prononcer un discours à Tizi Ouzou, le jeune kabyle n’attend point une quelconque déclaration du Président Bouteflika, concernant une éventuelle relance économique dans la région. Une relance, qui permettrait l’implantation de nouvelles usines et du coup la création de nouveaux postes d’emploi dont pourraient bénéficier des milliers de citoyens algériens kabyles qui souffrent des affres de l’oisiveté. Selon les représentants autoproclamés de la Kabylie, cette vache des orphelins, des milliers de chômeurs qui “écument” nos villages ont pour seul souci tamazight. Qu’est-ce qu’ils pourront faire avec un poste de travail à 32 ans ou avec un logement ou encore avec un climat de sécurité qui leur permettraient de circuler comme bon leur semble et sans avoir peur ? Rien, selon les porte-paroles autoproclamés de la Kabylie. Tandis qu’avec tamazight, il pourront toujours être envoyés par ces derniers, affronter le danger des émeutes qui semblent rapporter beaucoup aux porte-paroles autoclamés de la Kabylie. Les politiciens, qui viennent à Tizi Ouzou uniquement à la veille de chaque élection, pour faire des promesses et insulter ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, disent que les Kabyles ne sont pas des tubes digestifs quant le Président Bouteflika a promis de donner de l’argent pour rattraper le retard en développement. Cette réplique aurait pu être sincère, si elle émanait de quelqu’un qui n’a pas oublié le sens de la faim et de la vie difficile. Parmi ces jeunes chômeurs, il y en a qui ont payé d’une année de leur scolante en 1994/1995 en suivant sincèrement l’appel à un boycott scolaire dont seuls les initiateurs connaissaient les vrais objectifs.En 1994, les enfants de toute la région, croyant en cet idéal amazigh, ont suivi presque les yeux fermés cette grève illimitée. Les parents des enfants qui ont déserté les bancs des écoles pendant neuf mois, ignoraient, que les initiateurs de cette action avaient envoyé leur progéniture dans d’autres wilayas ou à l’étranger pour ne pas rater une année de leur vie. Ce n’est que bien plus tard que de telles informations très graves du reste ont pu atterrir chez les simples citoyens. Ces derniers étaient désarmés en apprenant cela car la balle était partie et les hommes auxquels ils ont fait confiance les ont trahis tout bonnement. On aurait souhaité donc, avant de parler de “tamazight en 2005, que ces politiciens livrent d’abord des explications aux citoyens de la région. C’est au courant de cette même année de boycott que les masques sont tombés avec l’éclatement de la lutte intestinale dans les rangs du RCD, principal parti impliqué dans cette grève du cartables. Pour rappel, c’est durant cette année que Saïd Sadi s’est débarrassé de Ferhat M’henni, au motif que ce dernier est allé réveillonner à Paris laissant le sort de près d’un million d’enfants entre les mains du bon Dieu. Ce dernier est passé aux yeux de Sadi, du rang de “maquisard de la chanson” à celui de “traître” et les archives de la presse écrite sont toujours là pour témoigner de ces faits. Même le regretté Matoub Lounès a payé les frais de ces machinations. S’étant engagé avec une grande sincérité dans le combat pour tamazight (la langue et culture et non pas le cheval de bataille), il s’est retrouvé en plein milieu d’une guerre de la course au pouvoir des plus malsain. Il passe quinze jours dans les maquis islamistes du GIA et à sa libération, ceux qui étaient sensés être à ses côtés pour le soutenir moralement, l’avaient accusé d’avoir fomenté et organisé son enlèvement. Dans toutes ses épreuves, Matoub n’avait trouvé que le peuple pour le soutenir. Tandis que les responsables politiques kabyles ont abusé de sa sincérité et de son courage sans limites. En rappelant les détails de l’année du boycott, il ne faudrait pas omettre qu’il y a eu cassure dans ce qui était présenté à l’époque comme le MCB. Ce qui a semé une totale zizanie au sein de la société kabyle. L’année du boycott étant terminée, un autre Printemps noir, celui-là est venu assombrir une fois de plus le ciel de la Kabylie. Au nom toujours de tamazight, les enfants des familles pauvres sont envoyés à la mort. Et comme toujours, aucun fils des initiateurs n’est touché ni de près ni de loin par les balles. Il est clair qu’à chaque fois que le vent du danger a soufflé sur la Kabylie, les premiers à réagir, ce sont les “initiateurs de l’ombre de cette tempête, qui s’empressent de mettre à l’abri leurs enfants s’ils trouvent que ces derniers résident encore dans la région. La Kabylie a payé encore une fois et cette fois le prix fut lourd puisqu’il y a eu mort d’hommes. La région a sombré pendant trois années dans une spirale infernale où le pire était souvent craint. Il a fallu plus de trois années pour que la région se calme et se stabilise, notamment depuis le 8 avril 2004, date de la réélection de Abdelaziz Bouteflika, pour un deuxième mandat. Maintenant que le calme est revenu dans la région, la sagesse aurait dicté que toutes les forces politiques et toutes les personnalités ferait de la paix à Tizi Ouzou, Bgayet et Bouira un principe incontournable. Puisque chacun défend ses idées politiques en fonction de ses convictions. L’essentiel étant, que les jeux se fassent pacifiquement.

Aomar Mohellebi

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