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Djoudi Attoumi raconte Krim…

L’hommage rendu aux cinq colonels de la région de Draâ El Mizan continue à créer l’événement dans cette contrée qui représente l’un des berceaux de la révolution. Avant-hier, au deuxième jour de l’événement, des ex officiers de l’ALN et des Moudjahiddines ont organisé une conférence-débat au cinéma Le Maghreb. Après un récital de poésie consacré à l’histoire et auquel ont été invités des poètes, les ex officiers de l’ALN, Djoudi Attoumi et Hocine Ait Idir, ont été priés par les organisateurs de retracer, devant la nombreuse assistance, le parcours des cinq colonels. Le premier intervenant, Djoudi Attoumi, est revenu sur l’itinéraire de Krim Belkacem. “ Je l’ai rencontré le 22 mars 1957. Ce jour-là il est venu avec Benyoucef Ben Khedda, il nous a sauvés alors que nous allions tenir un conseil de wilaya. Il avait même sermonné Mohammedi Saïd devant tout le monde à ce sujet. L’armée française avait capturé un militant muni d’une convocation. C’est grâce à lui que ce conseil a été sauvé», a-t-il témoigné. Il dira du « Lion des Djebels » qu’il était un stratège, un grand chef de guerre insistant qu’ « il a formé beaucoup de jeunes officiers ». Ensuite, il évoquera le colonel Mohamed Zamoum, dit Si Salah, tout en parlant de la fameuse affaire de L’Elysée. “Lui et ses compagnons avaient raison. C’était un premier pas, accompli avec courage et sincérité», a-t-il précisé. Et de donner ce détail : “ il avait écrit des lettres à des responsables, notamment ceux de l’extérieur pour lesquels il avait dit que les maquis se vidaient et qu’il n’y avait plus d’armes”. Pour le conférencier, Mohamed Zamoum était tombé les armes à la main. “En tout cas, j’ai beaucoup de choses à révéler à ce sujet», a-t-il confié devant le public. Au fil de son intervention, il parlera des grandes batailles d’Ait Yahia Moussa et des Moudjahiddines qui ont donné du fil à retordre à l’armée de Bigeard. “Je le dis devant vous, les populations des villages de Tafoughalt, de Tizi Guezgarène et de bien d’autres nous ont toujours très bien accueillis. Quand les habitants avaient quelque chose à manger, ils nous l’offraient et restaient le ventre creux. C’est de la bravoure et du patriotisme», a-t-il enchaîné. Dans son intervention, l’autre ex officier, Hocine Ait Idir, de la wilaya IV zone1, puis 3, qui était un acteur de la bataille du 6 janvier 1959, est revenu longuement sur cette bataille. “Nous l’avons vécue. Il faut dire que nous avons donné une sévère correction à l’armée française. La population était avec nous. A Tafoughalt, par exemple, la population était à nos côtés. Elle nous applaudissait et nous glorifiait. La capture du lieutenant Chassin et du capitaine Grazzini a enragé l’armée française qui est allée jeter du napalm partout. Même les civils n’étaient pas épargnés», a-t-il raconté. Il y a eu aussi l’intervention de Slimane Bennour, frère de Ali, et de Azzi Abdelmadjid, qui ont qualifié eux aussi, ces cinq colonels des piliers de la révolution et la population de toute la région de Draâ El Mizan d’héroïque. Ces témoignages ont été suivis de beaucoup de questions auxquelles les orateurs ont donné des réponses. En tout cas, Azzi Abdelmadjid l’a clairement signifié : “il faut écrire cette histoire. Les paroles s’envolent, mais les écrits restent. Il faut que tous les acteurs écrivent ce qu’ils ont vécu”. C’est par le slogan : «L‘homme peut oublier l’histoire, mais l’histoire ne peut pas oublier l’homme », que s’est achevée cette conférence-débat.

Amar Ouramdane

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