Après une période creuse de plusieurs mois, grisaille oblige, l’activité thermale reprend du poil de la bête au niveau du hammam Sidi Yahia, dans la commune de Bouhamza. On y vient en masse pour faire trempette dans ses eaux de source bouillonnantes ou simplement pour étancher une soif d’évasion et de détente. «Ce sont surtout les vertus curatives qu’on prête à l’eau de source, qui attire le plus les visiteurs», atteste un habitué de ce Hammam. A ce titre, les cures thermales seraient indiquées pour soulager les pathologies rhumatismales dégénératives, telles que l’arthrose et la spondylarthrite ankylosante. «Depuis que je fréquente, de manière assidue, le hammam, mes douleurs articulaires ont pris la poudre d’escampette, tant et si bien que je n’ai plus besoin de prendre des médicaments», confesse un vieillard trainant une sévère polyarthrite. Ces eaux seraient également très bénéfiques pour les séquelles de fractures, en facilitant la rééducation, le traitement de certaines dermatoses, les courbatures… D’autres curistes enfin, soutiennent que cette pratique a un effet salutaire sur la fonction respiratoire. Un effet obtenu en s’engouffrant dans la vapeur opaque du hammam, astreignant les poumons à une véritable gymnastique respiratoire. Lieu de soins, de purification et de détente, hammam Sidi Yahia est aussi un lieu social par excellence. On raconte souvent que dans cet établissement des amitiés se sont nouées, des négociations d’affaires menées et des litiges familiaux réglés. Même la femme, exclue de la promiscuité masculine, prend sa revanche en s’appropriant les lieux. Aller dans cet établissement est une sortie autorisée, bien vue du mari et parfois même préconisée par l’époux. La «journée du hammam» est pour la femme, un véritable divertissement. Son corps est massé et lavé à grande eau, ses parures étalées au regard envieux des autres. Son corps caché ne l’est plus. Toute pudeur est affranchie, tout tabou levé. Il n’y a de place que pour la santé la détente et la beauté. Débridant volontiers le fardeau de leurs frustrations, les femmes se laissent aller, dansant et chantant à gorges déployées, oubliant l’espace d’une cure le vide intersidéral qui fait leur quotidien. Les plus futées y emmènent leurs filles, pour les présenter à telle autre femme, susceptible de succomber à leurs charmes et, partant les recommander pour un de leurs fils. C’est ainsi que, nous dit-on, de nombreux contrats de mariages ont été conclus à partir de cet établissement.
N. Maouche
