Retraités, le calvaire continue

Partager

C’est la même scène révoltante de centaines de vieillards exténués et à bout de forces qui s’agglutinent devant l’agence de M’Chedallah, qui revient à chaque échéancier.

Ces malheureuses personnes au déclin de leur vie donnent l’impression avec leur air résigné et abattu d’attendre devant cette institution qu’on leur fasse… une aumône alors qu’ils viennent percevoir un dû pour lequel ils ont trimé durant toute leur vie en sacrifiant leur jeunesse au travail. Beaucoup mieux, le cas de ces personnes du 3e âge dont la majorité sont diabétiques, hypertendus ou les deux à la fois, a fini par être banalisé comme de nombreuses choses négatives, sauf qu’ici il s’agit d’êtres humains qui souffrent énormément et collectivement sur la voie publique au su et au vu de toutes les autorités locales, sans que l’une d’elles daigne soulever le petit doigt pour mettre le holà à cette intolérable situation. L’un d’eux, âgé de 75ans, nous apprendra que c’est pour la 8e fois qu’il vient de Takerboust en compagnie de 4 autres retraités de la même localité sans pour autant parvenir à retirer son argent, comme il nous apprend qu’à chaque fois, il débourse lui et ses compagnons 1 500DA pour la location d’un véhicule clandestin, qui les ramène de bonne heure pour s’inscrire sur la liste d’attente et bénéficier à l’ouverture de l’agence d’un ticket d’accès. Les inscriptions sur cette liste commencent à…3h du matin nous précise-t-on. Un autre vieillard se fraya difficilement un passage pour s’approcher et nous informa qu’il est venu autant de fois…d’Ath Sidi Brahim, localité dépendante de la wilaya de BBA, située sur les limites territoriales de Bouira. Un autre affirmera que de futés spéculateurs s’emparent des jetons d’accès qu’ils revendent au plus offrant comme ils nous apprennent que l’agence traite une moyenne située dans la fourchette de 30 à 40 clients par jour. Le tout raconté sur un air de protestation mélangée de colère pour évacuer le surplus d’une extrême révolte, la foule compacte qui s’est immédiatement formée cherchait à montrer son courroux face à cette situation. A l’intérieur du local exigu où n’ont accès que 10 personnes à la fois, nous avons remarqué que la foule qui attendait devant la porte du responsable pour protester était beaucoup plus importante que celle devant le guichet. Une autre preuve que ça ne tourne pas rond au niveau de cette succursale qui a été à plusieurs reprises fermée par ces retraités qui ont recours à cette ultime action pour tenter d’attirer l’attention des pouvoirs publics sans pour autant apporter une quelconque amélioration à cette situation relatée. Nos tentatives à approcher le responsable pour recueillir sa version s’avèreront infructueuses, il était tout le temps occupé à…gérer des sautes d’humeur spontanées et des mouvements souvent houleux de révoltes. Avant de quitter les lieux un groupe de fils de Chahid attire notre attention sur l’état de l’emblème national, sale et déchiré qui orne la façade principale de l’agence.

Oulaid Soualah

Partager