L’exode vide les villages

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Plusieurs villages excentrés par rapport au chef-lieu de la commune de Tamokra, endurent les affres du manque de navettes publiques de transport de voyageurs.

En effet, bien des témoignages de citoyens de la commune, corroborés par les responsables de la municipalité signalent le manque de dessertes, particulièrement pour les villages Boutouab, Tizi Aïdel et Taourirt. «Pour rallier le chef-lieu de la commune ou une ville de la vallée de la Soummam, les citoyens de ces localités recourent invariablement au système D», soutient M. Chendouh, le maire de Tamokra. «Quand on n’a pas la chance de posséder un véhicule ou de disposer d’une monture à quatre pattes, il ne faut compter que sur ses deux jambes pour se déplacer», dira un citoyen du village Boutouab, l’un des plus reclus et reculés de la circonscription. «Avec une densité de population aussi dérisoire, aucun transporteur privé ne serait tenté de desservir nos patelins, rentabilité oblige», affirme un autre citoyen originaire du village Taourirt. «Avec toute l’indigence matérielle qui sévit, conjuguée au calvaire du manque de transport, notre village se viderait inexorablement de ses habitants», conjecture-t-il. Ce mouvement d’exode est, du reste, une amère réalité qui n’épargne, nous dit-on, aucune localité de cette circonscription rurale. «A titre d’exemple, Bicher, le village le plus peuplé de Tamokra, a perdu en l’espace d’une décennie plus de 20% de ses habitants», fait remarquer un retraité habitant le chef-lieu communal. «C’est vrai, tempère-t-il, que le programme de l’habitat rural a contribué dans une large mesure à freiner ce mouvement, mais pour inverser la tendance, il faut assurément beaucoup plus que des logements».

Pour notre interlocuteur, le mal est plus profond. Il découle de la désagrégation de l’économie agro pastorale et de son corollaire, le chômage. «Pour indispensables qu’ils soient, le toit, l’école ou l’électricité ne suffisent pas à la fixation de la population rurale. Il faut donner du travail aux gens pour les convaincre à rester dans leur patelin», dispose-t-il.

N. Maouche

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