(2ème partie)
Se sentant responsable de la mort des marchands, le jeune garçon pour faire diversion se met à hurler, pour la seconde fois en direction d’imaginaires marchands.- Inith i vava d’yemmaMemi-thouen yaroua thiloufa !(Dites à mon père et à ma mère que leur fils est gavé d’épreuves dont il n’aurait que faire !)Mais cette fois-ci point de marchands à l’horizon.Voulant le dévorer, Teriel lui dit plusieurs fois dans la journée :- Ay aqchich illan nig’iAk’soum ik’ath tchagh ammiMa-k thet’ef eth g’ouni Adhou ak-d iseghliAyi-d ghlidh d’eg chimiLaâmar ik’ ad’yaoudh Rebbi !(ö enfant qui se trouve au-dessus de moi, je vais dévorer ma foi quand tu t’en dormiras et que sous l’effet du vent tu tomberas entre mes bras, ton âme vers le Tout-Puissant s’en ira !)Ne désespérant pas de se tirer d’affaire, dès qu’il voit d’autres marchands, il les hèle et leur dit :- A thejar inith i vava d’yemmaAqlin g’er iffassen n Teriel thouraD’i thez’gi sou fella n tejraOur zmiragh ambiouel maraMa vghan ay iselk’en seg yir h’alaAdassen s-i dhebalen d’elghidha !)(Ö marchands dites à mes parents que je suis aux mains de l’ogresse maintenant perché sur un arbre dans la forêt, je ne peux bouger s’ils veulent me sauver de ce mauvais pas qu’ils viennent avec des tambourineurs et des hautbois !).Cette fois-ci, ses appels sont entendus, ses parents heureux de la savoir en vie ameutent tous les gens, les chiens, les chats et les coqs sont de la partie. Une fois tout ce beau monde rassemblé, ils se dirigent vers la forêt, à l’endroit indiqué. Le vacarme fait par les tambourineurs, les youyous des femmes, les aboiements des chiens, les miaulements des chats, les chants des coqs effraient l’ogresse qui va se cacher dans la forêt pour ne pas se faire étriper.Tiré d’affaire, se sentant rassuré, le jeune garçon délivré veut se venger de l’ogresse, en lui jouant un mauvais tour.Remplissant son burnous de pierres, il le laisse pendre à une branche basse de l’arbre où il était perché pour lui donner le change et la tromper.Dès qu’elle revient vers le chêne, après le départ des tambourineurs, elle tombe dans le piège. Voyant le burnous, croyant que le garçon était toujours là, elle croque dedans, mal lui en prend, elle se casse les dents.Folle de douleur, elle jure de se venger. Elle suit à la trace et à l’odorat les pas du jeune garçon. Pour ne pas être repéré, elle prend les traits d’une jeune fille resplendissante de beauté. Elle attend que tout le monde se soit rassemblé “d’i thajmaâth” (agora) et lance à tous un défi :- Ouin ay iseghlin ar lqâAd’ youghal d’argaz iou thoura !(Que celui d’entre-vous qui me fera tomber à ce moment, deviendra mon mari à l’instant. Intéressés par la proposition, les célibataires subjugués, lui font face dans un combat singulier. Ils sont tous battus, il ne reste plus que le jeune garçon adolescent à affronter. L’assistance ne lui donne aucune chance, car affaibli par son séjour sur l’arbre durant deux jours sans manger, il ne sera pas à la hauteur pour battre la jeune fille.Contre toute attente dès que le jeune adolescent l’empoigne, elle ne lui oppose aucune résistance. Sans faire beaucoup d’efforts, elle tombe à terre. Malgré son jeune âge, il est proclamé son mari. Il l’emmène chez lui. Dès que tombe la nuit la jeune fille se métamorphose en Teriel (ogresse) et dévore les brebis enfermées dans l’écurie.
Benredjal Lounès(A suivre)
