En roulant sur le CW141 reliant Akbou à Seddouk et juste en sortant du pont de l’oued Soummam et au détour d’un virage, on tombe nez-à-nez sur un grand village en pleine expansion depuis déjà des dizaines d’années.
C’est une forteresse se languissant au soleil du printemps, nonchalante au piémont de la montagne de Gueldamen, que nous découvrons. Il s’agit de Biziou, une contrée de la commune d’Amalou, distante d’environ 100 km de Béjaïa. Il faut dire aussi que ce village est malmené par des dizaines d’années d’isolement qui ont accentué son enclavement lorsque le pont de l’oued Soummam a été emporté par les eaux en 1969. La construction d’un nouveau pont durant les années 1980 a totalement changé la donne de ce village qui n’a trouvé que ses fils pour le soustraire au sous-développement en un temps record. Ce hameau possède incontestablement d’autres atouts qui lui garantissent, chemin faisant, un essor de développement économique certain. Il longe le CW141 qui le traverse comme l’arête d’une feuille distribuant à droite comme à gauche des ruelles et des maisons pavillonnaires dont la plupart possèdent des jardins cachés à l’arrière et des magasins ayant pignon sur rue, à l’avant. Jetons un regard sur son passé pour mieux comprendre comment Biziou est arrivé à ce stade de développement. Il y a 20 ans, Biziou n’était encore qu’une lugubre bourgade enclavée ayant en tout et pour tout, une cinquantaine de vieilles maisons très éparses.
1969 et l’effondrement du pont
L’effondrement en 1969 du pont la reliant à Akbou, emporté par les torrents déchainés de l’oued, avait accentué la pauvreté des habitants qui se retrouvent du jour au lendemain isolés du reste du monde car, depuis, pour aller à Akbou situé à quelques encablures de chez eux, il fallait qu’ils fassent un détour par Seddouk et Ouzellaguen, un trajet d’environ 40 kilomètres. Les habitants ne vivaient que des produits agricoles qui ne trouvaient plus preneurs car personne ne s’aventurait à aller à ce village désert qui ne possédait jadis qu’un seul commerce de fortune commercialisant quelques produits alimentaires. Mais les villageois croyaient dur comme fer qu’un jour ils en finiraient avec la détresse. En 1981, l’amertume céda enfin place à l’enthousiasme et le village redora son blason, changeant totalement d’aspect en devenant une petite ville qui commença alors à sortir de sa léthargie et à se forger par là-même une aura, grâce à la construction d’un nouveau pont qui rétablira la circulation entre Seddouk et Akbou et qui lui insufflera une nouvelle dynamique. La densité du trafic automobile sur cette route et sa proximité de la capitale de la haute vallée de la Soummam, Akbou, ville industrielle et commerciale par excellence, ont été deux facteurs qui ont favorisé son développement à une vitesse effrénée à tous points de vue. Des villas assorties de commerces de tous genres bordant cette route à droite comme à gauche naissent comme des champignons. Biziou dont la beauté s’éveille chaque matin ne cesse de séduire bon nombre de visiteurs en leur offrant des haltes de charme. Si ses enfants ont contribué dignement à son développement par la création d’activités privées, les autorités locales n’étaient pas en marge en lui consacrant des projets infrastructurels dignes de ce nom qui ont fait de cette petite ville, une vitrine et un centre d’intérêt de la commune d’Amalou.
20 ans après, le village sort la tête de l’eau
Cela a favorisé l’exode de bon nombre d’Amalouciens délaissant le chef-lieu pour s’établir dans cette petite ville rayonnante qui procure à leurs yeux de la prospérité et un avenir meilleur. Parmi les projets infrastructurels accordés à cette ville, figure un CEM qui est venu s’ajouter à l’école primaire, deux stades de jeux de proximité et une salle de jeu pour l’épanouissement des jeunes aimant la pratique du sport, une station-service ainsi que l’aménagement urbain qui épargne aux habitants la gadoue en hiver et la poussière en été. Cela, avec bien d’autres projets. Cette petite ville de province vient de bénéficier d’un projet pour l’amélioration du réseau téléphonique et de l’Internet. Le projet qui se réalise avec de la fibre optique est en cours. Un autre projet d’envergure est en vue. Celui de gaz de ville dont a bénéficié la commune d’Amalou, inscrit dans le cadre du plan quinquennal 2010/2014. Et voilà qu’un autre facteur viendra dans les prochains mois booster davantage le développement dans cette ville. Il s’agit de la pénétrante qui reliera l’autoroute Est-Ouest à Béjaïa, laquelle passera à côté de cette ville. Les habitants ont déjà le vent en poupe en apprenant la bonne nouvelle car cela entrainera la floraison de grandes affaires comme les relais routiers, les hôtels et autres restaurants qui viendront s’aligner aux abords de cette autoroute. C’est cela Biziou, le moderne qui a laminé l’ancien, le beau qui a effacé la tristesse. Parce qu’enfin et après tout, ce coin paradisiaque béni par la montagne de Gueldamen, si fier qu’il est, semble narguer le visiteur en gardant jalousement le secret de son développement.
L. Beddar

