Cette population représente le 1/7e (un septième) de la population totale de la wilaya, estimée à quelque 700 000 habitants. La superficie de ces 6 communes (572 km2) représente un peu moins de 1/10e (un dixième) de la superficie de la wilaya.L’administration a mobilisé 815 encadreurs à répartir sur 25 centres et 110 bureaux de vote.L’atmosphère qui règne sur le territoire des communes concernées par le scrutin, à 40 jours du rendez-vous électoral, va de l’indifférence la plus froide, à l’espoir de pouvoir reprendre en main, la gestion des communes, paralysées par un déficit de légitimité et de manque de prérogatives accordées aux administrateurs.Car, au-delà des considérations strictement politiques, qui animent les candidat des partis en lice (10 partis) et les candidats indépendants (6 listes), ce scrutin qui placera des conseils municipaux pour un mandat visiblement tronqué (18 mois) fait remonter en surface les défis et les enjeux de la gestion de territoires connus pour leur complexité en matière de perspective de développement local.Pour séparer le bon grain de l’ivraie, le citoyen a appris, après tant de déceptions et de brouillage de cartes, à raisonner uniquement en termes de résultats palpables. C’est ce que nous fait savoir cet ouvrier d’une sablière de l’oued Sahel dont le tympan est abîmé par le bruit des machines : “Avec tout ce remue-ménage, que ce soit le bien de la communauté qui soit recherché. En tout cas, quitte à revenir à l’époque des DEC, ce qui m’importe, c’est l’esprit de justice et la transparence dans la gestion et non point la couleur politique des candidats. Lorsque, pour accéder au “filet social”, il faut parfois verser une “tchipa” ou faire intervenir une connaissance en haut lieu, je suis prêt à fermer le siège de la mairie, même si c’est mon frère qui est le responsable de l’APC”. Belaïd paraît blasé, avant d’atterrir dans la sablière, il a bourlingué un peu partout. Il a même vendu des sandwichs sur le train Béni Mansour-Béjdaïa. Père de sept enfants, il n’arrive pas à les nourrir et à les vêtir correctement.L’aîné à travaillé trois mois au “filet social”, puis a été évincé au profit d’un candidat mieux “appuyé”. Après les troubles et les émeutes de 2001/2002, et sans que les plaies ne soient complètement refermées, les jeunes de la génération “archiste” ont la tête sur les épaules et commencent à réfléchir sérieusement à leurs avenir.Chômage, alcool, drogues et autres exutoires broient déjà des centaines de jeunes dans les villes et les villages de la kabylie. L’impasse sociale qui guette le reste des franges de la population, n’est pas faite pour rassurer. Les candidats à l’exil ou à l’émigration se multiplient. On découvre même des destinations inédites : La Malaisie, la Syrie, la Libye
La commune, base du développement localUnité administrative primaire, la commune est aussi la base du développement local. A travers les plans communaux de développement (PCD) émanant des municipalités, les plans sectoriels (PSD) qui interviennent sur leurs territoires respectifs, les services d’hygiène et de voirie, les services sociaux… Les communes sont, en principe, les premières instances qui prennent en charge les problèmes des habitants et où s’exprimes en priorité la volonté citoyenne. Sur ce plan, comme sur bien d’autres encore, les communes de la wilaya de Bouira, touchées par le scrutin du 24 novembre prochain ne sont pas position de faire valoir des résultats en exceptionnels. Des contraintes de taille qui n’ont pu être levées, par les anciens conseils municipaux, continuent à hypothéquer le développement de la région et le bien-être des citoyens. Certains problèmes liés à la position géographiques, empoisonnement la vie des citoyens comme à Saharidj et Aghbalou, deux communes adossées aux versants les plus abrupts du Djurdjura. Là, les questions foncières sont des plus délicates. Les autorités locales trouvent d’énormes difficultés à dénicher des terrains sur lesquel elles comptent implantér des infrastructures sociales ou des équipements publics (écoles, dispensaires, stades, maisons de jeunes…). Les terrains sont généralement privés ou domaniaux (appartenant au services des forêts). Les pentes des terrain et le morcellement excessif de la propriété ne permettent que certaines cultures (arbres fruitiers).Le déséquilibre démographique caractérisant la wilaya de Bouira trouve ici toute son expression : l’une des communes les plus petites en superficie, Aghbalou (59 km2), possède l’une des densité les plus fortes de la wilaya (370 habitant/km2). En revanche la commune la plus vaste, Taguedite (361 km2) compte une densité de 43 habitants/km2. Cela se traduit évidemment par de fortes contraintes, en matière de cadre de vie et de développement socio-économique.En matière de performances de développement, même les communes de la vallée de l’oued Sahel ne brillent pas par des résultats remarquables. Les chiffres officiels donnent 47,59% de taux de chômage pour Ahnif, 37,30% pour El Asnam et 33,69% pour M’chedallah, ce qui est très loin de la moyenne nationale estimée entre 13 et 17%.En dehors de la zone des carrières de Taourirt, le secteur de l’industrie est le grand absent sur l’étendue d’un territoire traversé par l’une des plus importantes routes d’Algérie, la RN5, l’économie locale est basée sur l’arboriculture les céréales (sur l’oued Sahel) et sur l’agriculture de subsistance sur le versant du Djurdjura.Les potentialités locales en matière d’artisanat et des métiers du terroir, ne sont pas encore valorisés. Le rôle des APC en la matière pour promouvoir et soutenir de tels projets reste à déterminer. De même, l’assemblée communale, comme dans les autres pays du monde doit servir de relais ou d’interface dans les projets de développement, initiés par l’Etat en direction des citoyens.Il est vrai cependant, qu’en matière de prérogatives, les assemblées communales sont ligotées par un code désuet. Celui-ci est actuellement à l’examen au niveau de l’APN, juste pour l’adapter à la situation inédite de la dissolution des assemblées élues en Kabylie. Un vrai code communal consacrant une gestion participative et démocratique reste encore à inventer.
Amar Naït Messaoud