Cette année, le 20 avril sera célébré différemment par les uns et les autres, qui voient, en cette date, une double commémoration fortement ancrée dans la mémoire collective.
La journée du vendredi, n’étant pas propice pour les élèves afin de concocter des programmes culturels dans les établissements de la région, des groupes de lycéens ont opté pour des animations qui se dérouleront aujourd’hui jeudi. Toutefois, en interrogeant quelques élèves à la sortie des classes hier à midi, la commémoration du 20 avril s’est, quelque peu, fait ravir la vedette par la campagne électorale. Même si, à l’heure actuelle, la promotion des candidats aux législatives du 10 mai n’est pas encore au top, les esprits sont tournés vers le jour J. Karim, élève en terminale au lycée Mira de Bouira, affiche une certaine nonchalance devant cette date phare qui tombe en de pareilles circonstances. «Le 20 avril, c’est une date doublement importante de notre histoire, mais jusqu’à présent, aucun mot sur les événements qui en ont découlé dans nos manuels d’histoire, c’est injuste, il serait temps que nous réhabilitions la mémoire des jeunes de 1980 et de 2001, qui ont payé un lourd tribu», dira-t-il. Sur une quelconque manifestation culturelle qui serait à l’ordre du jour dans son établissement, notre interlocuteur hochera négativement de la tête. Dans d’autres établissements scolaires de la wilaya, des festivités sont programmées pour s’étaler sur plusieurs jours. C’est le cas au niveau de certains lycées de M’Chedallah. Justement, les lycéens de cette localité ont pris les devants, avant-hier mardi, en organisant une marche jusqu’au siège de la daïra avec comme mot d’ordre «l’officialisation de Tamazight». Un slogan qui se transformera en cours de route en «Ulac l’vote», et qui finira par le saccage des panneaux d’affichage installés sur l’itinéraire de ladite marche. Un des jeunes, ayant assisté de loin à cet acte de vandalisme, déplorera le fait que la date du 20 avril serve ainsi à des «politicards» partisans du boycott des élections : «Cette date nous appartient à tous, ce n’est pas l’apanage des partis politiques, que ces derniers arrêtent de manipuler des jeunes lycéens, qu’ils essayent plutôt de convaincre les adultes s’ils le peuvent, bien sûr». Cependant, d’autres actions ont été inscrites pour la célébration du 20 avril, comme cela a été le cas à l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira où, à l’initiative des étudiants du département de langue et culture amazighes, un vibrant hommage a été rendu à Nour Ould Amara. Sa veuve, Samia Bensalem, avait effectué le déplacement de Paris pour cette occasion et c’est devant un amphithéâtre comble que des témoignages émouvants ont été rendus à ce militant de la première heure. Ses amis se sont relayés à la tribune pour raconter des fragments de sa vie et de son combat pour Tamazight. Une étudiante, ayant fait le déplacement de Tizi-Ouzou pour assister à cet hommage, avouera être las des marches populaires qui ne rapportent rien : «Il est temps que notre génération donne corps au combat mené par les militants d’avril 80, il est temps de faire le bilan et de se consacrer à des actions concrètes qui feront que Tamazight devienne une langue incontournable dans notre pays».
Hafidh B