Le cimetière de Boukhalfa, à Amizour, sera le théâtre aujourd’hui d’un rendez-vous cinématographique important. Il s’agit du tournage de quelques séquences d’un film documentaire sur les événements tragiques du 14 juillet 1953 à Paris.
Ce jour là suite à la répression policière française d’un cortège de nationalistes algériens du PPA-MTLD, ayant pris part à une manifestation des syndicats et des partis de gauche français, le bilan de ce carnage de la place de la Nation parisienne,fut de 7 manifestants tués dont 6 algériens et plusieurs blessés par balles. Parmi les victimes, l’on a compté Tahar Madjdoub, enterré à Guenzet, Abdellah Bacha, enterré à Tazmalt, Amar Tadjadith de Tigzirt, Abdelkader Dranis, enterré à Nedrouma, Daoui Larbi, à Aïn Sefra et Illoul Mouhoub, enterré à Boukhalfa, dans la commune d’Amizour. C’est justement au niveau de la tombe de ce Chahid non encore reconnu comme tel qu’aura lieu cette rencontre cinématographique pour recueillir des témoignages sur la vie et le parcours du martyr Mouhoub Illoul, tombé sous les balles assassines de la police le drapeau algérien à la main, comme nous l’a raconté son frère Mohand Saïd. Le film documentaire est du réalisateur français Daniel Kupferstein, lequel est déjà en Algérie pour les besoins de son projet de réalisation d’un film retraçant les péripéties de cette violente répression d’une manifestation pacifique le jour de la fête de l’indépendance de la France. Dans une lettre adressée aux maires des six communes où sont enterrés les victimes algériennes, le réalisateur de ce film documentaire dira qu’il compte venir pour filmer les tombes des victimes et retrouver des traces de leurs obsèques ou bien de la manifestation à Paris et bien avoir des discussions directes avec les membres de leurs familles. C’est à cet effet que la famille du martyr d’Amizour invite les citoyens à venir massivement assister au recueillement, et aussi à porter des témoignages devant les caméras sur le parcours et les obsèques du fils disparu. Cela relève d’un événement de taille, puisqu’il s’agit de ressusciter un événement historique néanmoins tragique d’avant la guerre de libération, lequel avait fait la Une des journaux français et étranglés à l’époque, mais depuis, cette histoire est enterrée avec ses victimes, les six fusillés algériens dont Mouhoub Illoul ne sont pas encore reconnus comme martyrs.
Nadir Touati

