Les jeunes dans l’expectative à Ighil N’Djiber

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A titre d’exemple, Ighil N’Djiber est un village de la commune de Seddouk où il devient de plus en plus invivable pour une masse juvénile désemparée et désorientée qui ne trouve son salut que dans l’exode vers la grande ville du pays ou le départ à l’étranger, à la recherche d’un bien-être qui fait défaut dans leur contrée.

Si certains voient leur rêve se réaliser, néanmoins la chance ne sourit pas à tout le monde. Pour cela, beaucoup de jeunes cherchent à se débarrasser de la misère noire qui leur colle à la peau en cherchant par exemple à créer leurs propres entreprises. Chose qui n’est pas facile quand on sait que l’Ansej, aujourd’hui débordée par les dossiers, noie les jeunes demandeurs dans une bureaucratie aigüe. «Cela fait une année et demi que j’ai formulé un dossier auprès de l’Ansej de Béjaïa, et à présent je n’ai pas encore concrétisé mon rêve. Ceux qui m’ont précédé m’informent que je dois encore patienter une année de plus pour avoir mon matériel. A la banque, non plus, on ne se presse pas quand il s’agit d’un dossier rentrant dans le cadre de l’emploi de jeunes. Pendant ce temps, je suis condamné à travailler la journée comme manœuvre pour survivre et gagner les frais que m’engendrent les différentes démarches du dossier. Avant cela, je me suis inscrit pour m’embaucher à la mairie mais on m’a proposé un travail à plein temps dans le cadre du filet social pour une modique somme de 3 000 dinars. Au bout d’une année, et n’ayant personne pour intervenir en ma faveur, on n’a pas voulu me renouveler le contrat», a déclaré un jeune, dépité par ce retard énorme et qui n’a pas sa raison d’être. Ainsi, les jeunes n’ont guère d’autre choix que de passer la journée adossés aux murs, attablés dans les cafés ou flânant dans les ruelles. Ils n’ont aucun moyen de distraction, ni stade de sport, ni maison de jeunes, ni bibliothèque. «Nous sommes les laissés-pour-compte de la commune de Seddouk. Notre jeunesse est gagnée par l’oisiveté le farniente et la monotonie. Il est malheureux de voir certains jeunes sensibles et vulnérables sombrer dans les fléaux sociaux tels que la drogue, l’alcool, etc.», abonda dans le même ordre d’idées notre interlocuteur. L’Internat aussi fait défaut dans cette bourgade où, pour surfer sur la toile, les jeunes font des kilomètres à pied vers la ville de Seddouk qui pullule de cybercafés. «Les jeunes d’Ighil n’Djiber étaient les premiers dans la commune de Seddouk à goûter aux prémices de l’Internet quand l’un d’entre avait créé en 2000 un cybercafé qui a fermé ses portes aussitôt après subtilisation par les voleurs du câble téléphonique de la ligne principale. Le téléphone fixe n’est jamais remis en service par l’Actel malgré les doléances incessantes adressées çà et là à qui de droit par les villageois. Saisies à maintes reprises, les autorités locales n’ont pas daigné venir à la rescousse des plaignants dont les revendications légitimes étaient tombées dans des oreilles de sourds. 12 ans sans rétablissement du téléphone fixe et de l’Internet, qui dit mieux ? Semblent se dire les férus du Net les plus sceptiques. Les jeunes, qu’il pleut, qu’il vente ou sous une chaleur torride, sont contraints de se rendre en ville distante de 10 kilomètres pour pouvoir surfer sur la petite toile. Voilà la vie réservée par les autorités aux jeunes d’Ighil n’Djiber en ne faisant rien pour les faire sortir de l’ornière», se révolta un jeune qui ne décolère pas devant la passivité des autorités à l’égard de cette catégorie.

Les cafés maures, seule alternative

Les jeunes d’Ighil n’Djiber ont cru arriver au bout de leur peine avec l’arrivée du téléphone par ondes, le WLL. Des appareils ont été vendus par l’Actel. Seulement, le téléphone qui n’est plus une nécessité avec la généralisation des portables, marche bien, quand aux appareils flashés pour l’utilisation de l’Internet aucun n’a été destiné pour ce village. Pourtant, ce ne sont pas les demandes formulées par les citoyens désireux avoir l’Internet chez eux, qui manquent au niveau de l’Actel, un organisme qui répond par cette phrase tonitruante adressée seulement aux non pistonnés : «Le BTS de Béni Djemhour est surchargé. Il est d’une capacité de 25 postes alors qu’on en a délivré une cinquantaine.

Donc, on ne peut encore délivrer de poste d’Internet pour les demandeurs de la commune de Seddouk». Ainsi va la vie pour les jeunes d’Ighil n’Djiber qui attendent impatiemment le dégel de la situation. En attendant un salut qui ne peut provenir, bien évidemment, que de l’Actel d’Akbou, quand cet organisme se décidera de doter cette bourgade d’un réseau téléphonique fixe ou le cas échéant, délivrer des appareils flashés d’Internet de type WLL.

Pour le moment, beaucoup de jeunes se rendent dans les cybers de la ville, mais là aussi à la nuit tombée et par manque de transport, ils sont obligés de rentrer à pied par les sentiers battus avec tous les risques d’agression.

L. Beddar

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