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La polyclinique face aux multiples manques

Souk El Tenine compte une polyclinique et 3 unités de soins réparties sur les villages de Tighilt Mahmoud, d’Aït Izid et de Sidi Ali Moussa.

Ces unités mal équipées ne fournissent que les soins les plus élémentaires. Concernant la polyclinique du chef-lieu, les patients en quête d’analyses médicales sont scandalisés à plus d’un titre. Le fameux spectromètre est tombé encore une nouvelle fois en panne. Cet appareil indispensable pour la réalisation d’analyses médicales n’est pas encore réparé depuis plusieurs semaines, au grand dam des patients qui voudraient bien ne plus avoir recours aux laboratoires privés, trop chers pour eux. Ahmed, un quinquagénaire rencontré sur les lieux fulminera : «Je ressentais des douleurs au niveau du thorax et de l’estomac. Le médecin m’a alors ordonné un bilan complet. Le prix du privé est onéreux et je suis dans l’incapacité de le payer, alors je me suis dit, qu’à la polyclinique cela ne me coûtera rien. Hélas, cela fait des jours que je viens, les laborantins me disent toujours de revenir plus tard car l’appareil est en panne. Cela fait maintenant 3 semaines que j’attends. Que font les responsables ? Ce n’est pas normale de laisser une population de près de 60 000 habitants sans laboratoire d’analyses médicales». Pour ce qui est du service de radiologie, il ne fonctionne que de jour. Il parait que le manque de personnel est l’unique entrave. Seulement, les patients qui sollicitent de nuit le moindre cliché devront soit aller ailleurs, attendre le lendemain ou alors choisir de ne jamais faire d’accident de nuit. A Souk El Tenine, comme à Maâtkas, les laboratoires de radiologie ne fonctionnent que le jour. Sur place, le constat est loin d’être reluisant même si le service des urgences est rénové et que les travaux d’étanchéité sont en cours au dernier étage.

Le spectromètre en panne depuis plusieurs semaines

A l’intérieur de cette infrastructure sanitaire, le service des urgences a complètement changé. Les sols sont refaits, les murs sont relookés en peinture et en faïencerie. Une roulotte flambant neuf est même installée pour servir de dortoir au personnel. Chose qui honore les responsables concernés. Hélas, en montant au 1er étage, c’est la déception. Le constat est alarmant. Les lieux sont dans un état de délabrement avancé. Les sols crasseux, car le carrelage date des années de vaches maigres. La peinture se détache des murs à vue d’œil. La plomberie et l’installation électrique montrent leurs entrailles aux malades et au personnel. La salle de soin que nous avons visitée renseigne amplement sur la vétusté des lieux. Les traces des infiltrations sont nombreuses. Le personnel travaille dans des conditions difficiles. Un de ceux que nous avons rencontrés indiquera : «Ces lieux sont simplement repoussants. Regardez le plafond, les murs et les salles d’eaux. Tout est crasseux. Nous avons l’impression de travailler dans un taudis». Quelques mètres plus loin, des fuites d’eaux usées émanant de l’étage supérieur malmènent les patients et les praticiens. Les mauvaises odeurs sont inévitables pour tout le monde.

Quant au service de maternité nous avons remarqué que la salle est propre et qu’elle a été vraisemblablement rénovée, mais on nous signale que des infiltrations sont toujours enregistrées et que l’éclairage est insuffisant. Pour ce qui est de la salle d’accouchement, il faut dire qu’il est indigne de recevoir les nouveau-nés dans ces conditions.

Le plafond ressemble beaucoup plus à une passoire. Les infiltrations sont monnaie courante. Les malheureuses sages-femmes font leur métier dans des conditions lamentables. «Faire accoucher une femme alors que l’on reçoit des trombes d’eaux sur sa tête et même sur la patiente, nous est arrivé à plusieurs reprises. Donner la vie dans ces conditions, est une honte !», dira une ancienne praticienne.

La radiologie, de jour seulement

Il est à signaler que le pavillon des urgences qui sera réalisé dans cette polyclinique et que l’on nous a annoncé à grandes pompes, n’est pas encore à l’ordre du jour. Rappelons aussi que la polyclinique a été dotée d’une ambulance bien équipée depuis quelques mois et ce, grâce aux démarches des autorités communales. Signalons aussi que l’APC avait prévu une cagnotte de 20 millions de centimes pour l’acquisition du petit matériel. Il est également à signaler que la municipalité de Souk El Tenine et la daïra de Maâtkas ont bénéficié de l’inscription d’un projet portant réalisation d’un hôpital de 60 lits. Le choix de terrain est effectué les relevés topographiques faits depuis plus de deux mois mais l’étude n’est pas encore lancée.

Ce qui retardera davantage le lancement de ce chantier et qui aura comme conséquence directe le prolongement des peines des patients de la région dans le domaine de la santé publique. En fin de notre visite, nous nous sommes toujours posés la même question : La gratuité et la proximité des soins, une politique prônée par le pouvoir depuis l’indépendance, est-elle réelle ou un simple mirage ? A Souk El Tenine et à Maâtkas, la réponse ne mérite aucune réflexion, elle est incontestablement un mirage.

Hocine T.

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