Le 10 mai 1958, un détachement de l’armée française avait commis l’un des plus grands massacres de civils dans la région de Kendira, à 50 km au sud est de Béjaïa, plus exactement dans le petit village de Taourirt Khelfa où 11 personnes de ce hameau avaient connu les pires supplices des militaires avant qu’ils soient exécutés. Ce petit village où vivaient pas plus de 20 familles, qui servait de refuge aux maquisards, se trouva dans le collimateur de l’armée française qui ne cessa d’y mener des escalades et des incursions. ‘’En ce jour printanier du 10 mai 1958 et à la levée du jour, nous constatâmes que des militaires français encerclaient notre village et empêchèrent à tout le monde d’en sortir’’ nous raconte Abdelkader, qui était adolescent au moment des faits. Les militaires sommaient les villageois de sortir de leurs maisonnettes pour les rassembler à la petite placette du village en les scindant en deux groupes, femmes et enfants d’un côté et les hommes de l’autre côté et la sélection de ceux qui seront exécutés parmi les hommes commença. Les habitants de Taourirt Khelfa marqués profondément et toujours par ce triste et douloureux événement se souviennent que les militaires français appuyés par des soldats d’Afrique ôtèrent les turbans des malheureux choisis, malgré les cris et pleurs des femmes et enfants qui fusaient de partout. Parmi ces victimes, il y a les frères Houari Seghir et Saïd et Tacherfiout Amer et Mouloud. Cependant, toutes les victimes appartiennent à ces deux familles sur les trois existant au niveau de ce village. Les personnes retirées non pas au hasard puisque leurs noms figuraient sur une liste que le lieutenant du détachement détenait, furent conduits vers le côté bas du village et exécutées par balles. Un de ces malheureux villageois qui avait tenté de fuir fut abattu par des tirs de soldats postés aux alentours du village martyr, un autre qui se trouvait dans un champ de pâturage fut exécuté d’une balle en pleine bouche alors qu’un autre est porté disparu à ce jour. En tout, 11 personnes furent tuées ce jour-là et les soldats français avant de quitter le village après ce massacre collectif, investirent les maisons pour tout casser et tout détruire. Les femmes coururent vers les champs et découvrirent des corps sans vie gisant dans le sang et, à la place des cris de pleurs se furent des ‘’you-you’’ qui montèrent dans le ciel de Taourirt.
Le village était presque décimé il a fallu l’aide des habitants d’autres localités voisines pour pouvoir enterrer les 11 martyrs. Un aussi plus grand et triste événement n’est connu que dans les mémoires des veuves et fils de ces 11 Chahid. Cette année, les habitants avaient l’intention de célébrer cet événement tragique, mais coïncidant avec la journée des élections législatives, il fut reporté.
Un événement de taille mérite des commémorations pour que nulle n’oublie les sacrifices de ces montagnards modestes mais fiers.
Nadir Touati