Site icon La Dépêche de Kabylie

Les sinistrés ivres d’ennui

l Leur attente d’un relogement dans des bâtisses en dur frise l’impatience. Et c’est donc, dans ces sites de chalets qu’ils passent, pour la plupart, un second Ramadhan.Là, pour certains, c’est la rupture avec les anciennes cités dévastées par le cataclysme du 21 mai 2003 pour beaucoup d’autres, la vie dans ces chalets est, dans tous les sens du terme, un enfer.“Retenez qu’à l’heure du s’hour, notamment, nous sommes dix personnes dans ce logis à faire la chaîne devant les sanitaires”.C’est le témoignage de Djillali au site Figuier 1 sur l’axe Boumerdès-Zemmouri. Ses multiples requêtes pour bénéficier d’un second chalet, en tant que chef de famille nombreuse dont la bâtisse fut démolie suite au séisme, sont restées lettre morte.Bâti sur un promontoire, face à la grande bleue, le site Figuier 1 se compose de dizaines de cabines en formica, collées les unes aux autres. Ni veillée artistique, ni café où se réunir ni jardins où promener ses enfants. On jeûne, devant la télévision. “A chacun sa chaîne, à chacun son programme. Et ça se termine mal entre frères ou sœurs, avoue Hamid, 35 ans, athlétique. Allez en ville”. Pas de transport public en soirée.Figuier-Boumerès, un trajet de 10 mn, sans être sur de trouver l’ambiance ramadhanesque souhaitée. La DJS et la direction locale de la culture n’a guère invité des têtes d’affiche pour l’animation des veillées, en ce mois-ci. On veut tout de même aller au centre-ville de Boumerdès. Il offre peut-être, pense-t-on d’autres occasion, de détente. Les plus chanceux se déplacent à bord de leurs vehicules. Les autres s’accrochent à leur logis à longueur d’années. “Nous vivons là de vrais problèmes. Et les loisirs, y compris pendant le Ramadhan, nous sont tout à fait étrangers”.On pose encore le problème d’infiltration d’eau dans les chalets, lors de chaque intempérie. On redoute les inondations. Une crainte, une obsession, obligent les pères de familles à rester chez eux, pour évacuer en partielle circonstance, les eaux usées, les tonnes de boue amoncellement devant les chalets. Pas l’ombre d’agents techniques censés intervenir en cas d’urgence, selon un plan de wilaya initialement élaboré. Installées à la hâte, les sites de chalets alignés sur le littoral-est de Boumerdès s’apparentent, au fil du temps, à des bidonvilles. Habitat insalubre où les infiltrations d’eau peuvent occasionner des courts-circuits. En saison froide, on grelotte dans ces logis. Il n’y a même pas de cellule de santé pour la prise en charge des cas d’urgence. “Pour une séance d’aérosol, on doit se déplacer jusqu’au chef-lieu de wilaya, parfois au milieu de la nuit. “Mais il n’y a ni ambulance, ni taxi”, fulmine Dahmane, 36 ans, père de deux bébés asthmatiques au site de Sghirat.

Salim Haddou

Quitter la version mobile