Il ne reste que quelques minutes avant la rupture du jeûne. Nous sommes à l’école 5-Juillet de la ville de Tigzirt. L’équipe du comité local du Croissant-Rouge algérien, composée pour ce soir de six éléments, s’affairent à apporter les dernières retouches. Le docteur Ouaret, président de ce comité, fait partie de l’équipe de cette soirée. Les groupes de citoyens, qui attendent dehors, se précipitent à l’intérieur de la grande salle de la cantine de l’école dès que l’appel pour la rupture du jeûne est lancé. Parmi les bénévoles, on compte aussi des stagiaires en cuisine du CFPA de la ville. Une moitié de la salle, seulement, a été occupée et l’on compte 13 tables de 8 places chacune.A côté de l’entrée principale, sur une grande banderole blanche, est inscrit “Protéger la dignité humaine”. Pour rendre effectif ce slogan, l’équipe ne ménage aucun effort, allant de l’accueil des invités, le service, le sourire aux lèvres à l’affection dans les regards.Pour ce soir, le menu est composé d’un potage au vermicelle, des coquillettes comme plat de résistance et du melon comme dessert. Ferhat est un fonctionnaire à la daïra. C’est un bon vivant et il dirige les autres éléments de son groupe avec tact. Ses cris et ses éclats de rire donnent à la cérémonie, une ambiance de bonne famille. Parmi les invités, on compte des travailleurs de chantiers, des SDF et des citoyens de passage.D’habitude, on sert une moyenne de 150 repas par soirée mais, aujourd’hui, visiblement, on peut constater que l’afflux n’est pas comme les autres jours. A la fin du service, le nombre de repas servis était de 127, parmi lesquels il y a 79 repas servis à table et 48 emportés, expédiés aux domiciles des familles nécessiteuses et des personnes ne pouvant pas se déplacer.Hamza, Kamel, Abderahmène, T’viv et Ferhat ont pris leur repas une quarantaine de minutes après l’heure prévue. Pour l’organisation de cette campagne, selon le président, beaucoup de parties ont contribué. Il cite entre autre l’APC et la daïra, les commerçants de la ville et les autres communes de la région. T’viv, à l’aide de son téléphone portable, immortalise le moment de réunion de toute son équipe autour d’une même table. De nouveau, il prend son appareil et envoie trois SMS à la daïra, la mairie et au comité de wilaya. Dans ces messages, T’viv donne un petit compte rendu de l’opération du jour.D’ores et déjà, les responsables de ce comité préparent l’organisation des couffins alimentaires pour l’Aïd ainsi que la circoncision collective prévue pour le 27e jour du carême. Le président du comité reconnaît que les repas servis ne sont pas consistants, cela vu le manque de stock et de collecte des dons. Pour améliorer les choses dans les jours à venir, on compte sur le déblocage des stocks au niveau du comité de wilaya, au profit des comités locaux, ainsi que sur un plus d’implication de la société pour la gestion de cette action humanitaire. En procédant aux derniers détails de nettoyage des lieux, l’équipe s’apprête il à quitter les lieux, et demain, c’est une autre journée de solidarité qu’il faut préparer dès la matinée. La mission, ô combien noble, n’est pas toujours facile, mais la volonté des initiateurs arrive souvent à surpasser les difficultés. Qu’importe tout cela ! L’essentiel est de réussir à garantir un minimum d’aides à ces nécessiteux, ô combien nombreux.
Mourad Hammami
