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La construction d’une stèle de Chouhada interrompue

Au village Tibouamouchine dans la commune de Seddouk, cela fait des années que des fils de Chahid ont projeté la création d’une stèle de Chouhada à la mémoire des martyrs de la révolution que compte ce village.

«Nous avons sollicité des citoyens, femmes de Chahid en particulier qui nous ont donné de l’argent pour la construction d’une stèle, un projet que nous avons entamé il y a des mois. Mais malheureusement, les travaux sont en ce moment à l’arrêt après la réalisation de 50% du projet. Pour continuer le reste à réaliser, nous allons solliciter la wilaya pour nous attribuer une subvention, car nous souhaitons terminer les travaux avant le 5 juillet pour inaugurer la stèle dans le cadre des festivités du cinquantième anniversaire de l’indépendance», dira un fils de Chahid. Il reste encore beaucoup à faire dans cette région martyre ou beaucoup d’ossements de Chouhada ne sont pas encore exhumés, renchérit-il. «Beaucoup de prisonniers ont été incarcérés et torturés au centre de détention de Lokri, parmi eux des tués qui sont enterrés dans des fosses communes, dans une parcelle située à côté du centre. Les ossements de certains autres ont été exhumés et enterrés au cimetière du village, d’autres attendent à être localisés pour ensuite être exhumés et enterrés au cimetière des Chouhada. Des charniers existent un peu partout sur le territoire de la commune de Seddouk, mais celui du village Asrafil est édifiant. C’est l’endroit où ont eu lieu plusieurs accrochages entre les moudjahidine et les soldats français. Pour l’histoire, Asrafil constituait le lieu de ralliement et de passage préféré des troupes de l’ALN. Comme il a aussi été le théâtre de nombreuses batailles au cours desquelles sont morts des dizaines de Moudjahidine. La plus importante a eu lieu en 1959 quand les soldats de l’armée française ont mobilisé un arsenal militaire en hommes, matériels et munitions pour venir à bout du moudjahid Beddar Bachir et deux de ses compagnons d’armes, tués dans leur abri. Après des sommations de sortir intimées par les soldats français auxquels les vaillants moudjahidine n’ont pas répondu, préférant mourir que d’être capturés vivants, les soldats ont placé une dynamite à l’entrée de l’abri qu’ils ont fait sauter. Son fils Mohand Amokrane a été aidé par une personne qui était présente lors de la bataille, lui montrant approximativement l’endroit où il a mené une fouille mais sans arriver à trouver leurs ossements. Mais le fils ne désarme pas et pense retourner un jour avec de gros moyens, probablement un engin pour tenter une deuxième chance d’exhumer les ossements des trois martyrs. Pour couper les vivres aux moudjahidine qui trouvaient refuge en cet endroit, les soldats de l’armée française ont délocalisé ses habitants et le village fut bombardé et incendié à deux reprises, pour ne laisser aucune chance à ses habitants d’y retourner un jour. D’ailleurs à l’indépendance, les familles étaient éparpillées un peu partout entre Seddouk et Amalou. La liste est loin d’être exhaustive et les fils de Chouhada comptent saisir des moudjahidine encore vivants et ayant activé dans la région pour leur montrer des endroits où ont eu lieu des combats suivis de morts de djounoud et où il est probable de trouver des ossements de martyrs.

L. Beddar

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