La liste des drames humains, enregistrés au niveau national en général en Kabylie d’une manière particulière, ne cesse de s’allonger, suscitant colère et émoi au sein de la population et des familles, endeuillées par la perte, cruelle et dans des circonstances souvent non élucidées, de leurs enfants.
En cette fin de semaine, la wilaya de Tizi-Ouzou a enregistré la mort de trois jeunes, originaires de la région, portés disparus depuis près d’un mois et retrouvés sans vie, dans un état de décomposition avancé dans la lointaine wilaya de Tamanrasset, dans les confins du désert algérien. Selon des informations recoupées, l’affaire de ces trois jeunes, habitant la ville des genets, natifs respectivement des régions de Ouacifs, Iboudrarène et de la haute ville de Tizi-Ouzou, remonte à quelques mois déjà lorsqu’ils prirent un taxi à destination de Tamanrasset. Selon les mêmes sources, c’est le jeune d’Iboudrarène qui, s’étant lié d’amitié (ou d’affaires ?) avec un homme du sud du pays, a proposé à ses copains de s’y rendre pour traiter une affaire commerciale « juteuse ». Ayant convenu du jour du départ, le groupe a pris la route vers Tamanrasset avec, dans les bagages une forte somme d’argent pour les besoins de la transaction commerciale. Arrivés dans la ville du désert, nos jeunes nordistes ont été accueillis par l’ami et guide qui les a « embarqués » dans son véhicule vers une autre destination à plus de 400 kms de Tam. C’est à partir de ce moment-là que le groupe n’a plus donné signe de vie, jusqu’à ce que leurs familles donnent l’alerte. Selon les informations qui ont circulé dans la région, le groupe des jeunes en compagnie de leur guide a fait une halte à la nuit tombée pour passer la nuit sous une tente. Le lendemain matin, le guide s’est volatilisé en emportant tous les bagages de ses « hôtes » et la forte somme d’argent, estimée à plus de deux millions de dinars. C’est à cet endroit désertique, à plus de 400 kms de Tamanrasset, que les jeunes victimes ont été abandonnées jusqu’à ce qu’ils soient découverts sans vie. Après le transfert de leurs dépouilles de la wilaya de Tamanrasset, l’enterrement de l’une des trois victimes a eu lieu à Ighil Bouamas, dans la commune d’Iboudrarène, dans la consternation et l’émoi, en présence des membres de la famille et de plusieurs citoyens de la région et de Tizi-Ouzou. La mal vie et la détresse sociale poussent la jeunesse, en mal d’emplois, à recourir à toutes sortes de combines qui leur font courir des risques énormes : trafics en tous genres, délinquances et commerces illicites, quand la solution de la harga, pour rejoindre l’eldorado européen sur des embarcations de fortunes au prix de leurs vies, s’avère impossible. Une jeunesse en mal de perspectives d’avenir qui se livre à tous les dangers. La société par incompréhension ou manque de moyens, leur tourne le dos, quant aux responsables, leurs intérêts personnels prennent le dessus sur les préoccupations du citoyen.
Nassim Zerouki