Les Kabyles à la découverte de la Turquie

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Les vacances à l’extérieur du pays sont loin d’être à la portée des citoyens moyens de la région, c’est le constat fait auprès des multiples agences de voyages de Tizi-Ouzou.

«Les gens aiment voyager et partir à l’étranger, mais ce n’est pas donné à tout le monde de s’offrir une virée à l’extérieur du pays». C’est ce que déclare quasiment à l’unanimité les opérateurs d’agences de voyages de la ville des genets que nous avons sollicité pour connaître les destinations préférées des touristes locaux et le comportements des citoyens par rapport aux voyages à l’étranger. Au niveau de l’ONAT, qui prend en charge les déplacements touristiques à l’intérieur du pays, on nous apprend que les déplacements vers les autres wilayas, pendant la saison estivale, n’attirent pas la population locale. « Les déplacements vers les autres wilayas pendant la saison estivale à l’image de à l’image de Tlemcen, Oran et autres, sont infimes et concernent, beaucoup plus les voyageurs d’affaires et les virées estudiantines, » explique t-on. De plus, on nous signale que pour ce genre de voyages, les déplacements par route sont souvent privilégiés, sans doute parce qu’ils reviennent moins cher, notamment par rapport aux déplacements par avion. Une balade par bus ou encore en voiture ferait bien l’affaire. « Les voyageurs ou les touristes préfèrent de loin se déplacer par train ou par bus, car ça leur reviendra dix fois moins cher que de prendre l’avion », nous assurera M.Mazouzi gérant de Croisitour autre agence de voyage au niveau de la ville de Tizi-ouzou. Selon lui, les quelques voyages effectués en cette période de l’année se font surtout vers l’extérieur du pays. Ainsi, si la France demeure incontestablement la destination la plus privilégiée des Kabyles pendant la saison estivale, d’autres endroits sont aussi prisés par les touristes de la région. C’est le cas des pays voisins, Maroc et Tunisie. Des destinations qui représentent, chaque année, des parts importantes des départs des vacanciers à l’étranger.

Pour des séjours à partir de 120 000 DA, mieux vaut des vacances sur les côtes locales

« Auparavant, c’était la Tunisie qui était la destination préférée des touristes kabyles. Mais, ces derniers temps, la cote de ce pays chez nos concitoyens a dégringolé. Il faut dire que la situation dans ce pays, avec l’instabilité qui y règne, y est pour beaucoup. Et même les prix des réservations de séjours et de voyages, revus à la baisse, atteignant les 50 000 Dinars, n’y changent rien », signalera notre interlocuteur. « ces dernières années, un autre pays a réussi à conquérir le cœur des touristes algériens, et les kabyles, bien évidement, n’échappent pas à cette règle, il s’agit de la Turquie ». En effet, parmi les quelques vacanciers qui ont l’opportunité d’aller passer un séjour à l’étranger, prés de 25% choisissent Istanbul. « Un touriste sur quatre, parmi ceux qui ont le privilège d’aller à l’étranger, choisit la Turquie ». Une destination, certes de rêve et de détente assurée, avec des offres de séjour intéressantes, mais qui reste, néanmoins, inaccessible pour le revenu moyen. « C’est vrai que c’est cher, mais cela n’empêche pas que les rares voyageurs qui peuvent aller en dehors du pays pour leurs vacances, choisissent cette destination », ajoutera-t-il, tout en nous expliquant que les jeunes couples nouvellement mariés représentent le gros des réservations. « Les vacances de noce représentent la plus importante source de notre chiffre d’affaire. Les nouveaux mariés sont de plus en plus attirés à passer quelques jours à Istanbul». Dans cette affaire tout le monde s’accorde à dire que la consommation en crescendo des feuilletons turques devenus à la mode avec la réorientation des algériens, notamment dans la région de Kabylie vers Nile Sat a fait son effet comme il se doit. Forcement, tous et toutes se mettent à rêver d’une balade dans les rues propres de Turquie. C’est à ce phénomène vraisemblablement qu’on doit aussi cette soudaine préférence en Algérie pour la couleur blanche sur les véhicule en vogue en Turquie. Les voyages vers d’autres pays impliquent, bien évidement des moyens considérables. D’autant plus que les tarifs appliqués descendent rarement au dessous de la barre des 100 000 Dinars. Chose qui n’est malheureusement pas à la porté de tout le monde. Selon le même responsable de cette agence, « un séjour d’une semaine, pour une seule personne, tout frais compris dans un hôtel 3 étoiles à Istambul, capitale de la Turquie, avoisinerait les 120 000 Dinars. Pour le Maroc, qui vient en seconde position des destinations préférées des kabyles, c’est presque les mêmes tarifications, notamment pour Agadir, qui accueille, chaque année, nos touristes les mieux nantis».

La Turquie par excellence

Un montant, représentant le séjour d’une seule personne, qui deviendrait démesuré s’agissant de toute une famille, et qui donnerait le tournis à un simple fonctionnaire dont le salaire mensuel n’atteint pas le quart de la somme requise. Pour les citoyens de la frange moyenne de la société il est évident qu’il vaudrait mieux qu’ils ciblent plutôt des séjours et des virées dans les côtes et les plages du pays. Et les villes côtières locales deviennent de ce fait, des destinations prisées. Par ailleurs, cette année, le flux de voyageurs a considérablement diminué. « La crise économique et la cherté de la vie n’épargne personne, de même qu’elle induit une hausse des frais de voyages et de séjours. Ainsi, les tarifs ont augmenté de pratiquement 30% par rapport à l’an dernier, notamment en période estivale où la demande est forte, contrairement aux autres mois de l’année », explique M. Mazouzi. De plus, et du fait que la saison estivale sera, cette année écourtée par le mois de Ramadhan, qui intervient en plein milieu de l’été la saison touristique a été chamboulée. Les réservations ont commencé en effet, plus tôt que d’habitude, à la fin du mois de mai. « À l’approche du mois de Ramadhan, les gens veulent rester chez eux. Même si ces derniers temps, il y a plus de gens qui sont tentés de partir en vacances en cette période. C’est vrai que le pourcentage est moindre, mais cela nous est déjà arrivé d’enregistrer des réservations et des départs en vacances ». Ce qui est sûr, c’est que cette culture de départ en vacances n’est vraisemblablement pas encore incluse dans les moeurs de la population locale, qui préfère, sûrement faute de moyens, s’organiser pour décompresser chez elle, et se prélasser sur les plages locales, à moindre frais.

T. Ch.

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