Apres avoir claqué avec fracas, la porte du FFS, Mustapha Bouhadef, Ali Kerboua et Djoudi Mammeri, tous trois ex-premiers secrétaires nationaux, ont rendu public hier un communiqué dans lequel ils s’insurgent contre la direction actuelle qu’ils accusent de rester insensible à la situation qui prévaut au sein du plus vieux parti de l’opposition.
De la révolte et beaucoup d’amertume dans le contenu du communiqué. Bien qu’avec du recul, les trois ex-responsables n’ont pas pris de gants pour s’interroger : «Qui a intérêt à vouloir se débarrasser d’un parti qui représente l’espoir du changement démocratique et pacifique dans notre pays ?», lit-on en préambule sous la plume des trois démissionnaires qui semblaient garder les stigmates d’une colère non retenue. Les dérives, l’absence de cohésion, les résultats des législatives, les « tentatives de domestication du parti», sont autant de thèmes qui ont fait sortir de leurs gongs les trois ex-responsables. Ils ne sont pas allés de main morte pour fustiger tous ceux qui ont mené le parti là où il est, c’est-à-dire du milieu de nulle part, loin des idéaux pour lesquels, pourtant, des milliers de militants continuent toujours de se battre. «Nous, anciens premiers secrétaires nationaux du FFS, chacun à sa manière et dans le cadre qu’il a estimé adéquat pour s’exprimer, avons alerté les instances du parti sur les risques qui pèseraient sur la cohésion et la pérennité du parti en participant aux élections du 10 mai dernier dans les conditions et les circonstances imposées par le pouvoir», est il écrit dans le communiqué d’hier.
La brisure a dû être si profonde et le désaccord tout aussi hautement clamé que les trois signataires se sont fondus sans retenue dans ce communiqué au ton rageur, très dur, mettant à nu «les pratiques et dérives de la direction» du plus vieux parti d’opposition. Toujours dans le sillage de la participation du FFS aux législatives, il est mentionné : «Nous avons, entre autres, mis en garde contre le piège grossier qui consiste à emballer ces élections dans un projet de sanctification de la nation algérienne et d’édification de remparts contre l’OTAN». Un argumentaire qui montre si clairement l’opposition de ces trois ex-cadres du parti à cette participation qu’ils considèrent comme une forme de velléité de compromission avec les décideurs qui, selon eux, «ont choisi la pérennité du système au détriment de l’Algérie et de la stabilité politique».
Pour eux, «ces élections ont mis à nu un appareil autiste, coupé de sa base militante, embourbé dans de flagrantes et incohérences insuffisances organisationnelles. Par ailleurs, Bouhadef, Kerboua et Mameri ont pris fait et cause pour les cadres et militants, appelant au respect de leurs appels et à l’écoute de leurs préoccupations. «Il est de la responsabilité de la direction actuelle de répondre aux préoccupations de cadres, de militants et de sympathisants qui refusent le sabordage politique du FFS et les entreprises aventurières visant à l’affaiblir davantage».C’est ainsi qu’il est clairement établi que les militants sincères du parti s’insurgent contre «l’absence d’activité politique sur le terrain, le non-respect des textes fondamentaux du parti et la gestion autoritaire de l’actuelle direction qui n’offre aucun espace de débats ni de recours au sein du FFS». En définitive, les trois co-signataires du document, résumant la situation actuelle en la qualifiant de «dérive» disent soutenir toute initiative allant dans le sens du rassemblement, et appellent tous les cadres, militants et sympathisants à «dépasser tous les clivages et les différences d’appréciation que le parti a connus depuis sa création»
Et c’est pourquoi, un appel est également lancé à toutes les bonnes volontés du parti pour mettre sur pieds «un rassemblement des énergies militantes du FFS» qu’ils considèrent comme une absolue nécessité pour mettre en échec toute velléité d’inscrire le parti dans des stratégies claniques dans la perspectives des présidentielles prochaines».
Ferhat Zafane

