»Le risque zéro n’existe dans aucun pays

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Un maximum de communication et d’informations autour de la grippe aviaire pour minimiser cette panique généralisée produite par la propagation rapide de ce fléau et mettre le citoyen au fait de ce qui a trait à cette pathologie s’impose. Qui mieux qu’un vétérinaire pourrait nous apporter tous les éclairages susceptibles de rassurer le citoyen en lui fournissant tous les éléments de réponse dont il aura besoin ? Pour se faire, on s’est rapproché du Dr. Boughalem qui s’est prononcé sur les différents aspects de cette maladie, de sa concrète évolution dans le monde et des risques de sa propagation à notre pays, ainsi que des moyens de la combattre et surtout de la prévenir.Avant de rentrer dans les détails et de développer tous les aspects de la question, il est judicieux de s’arrêter un peu sur la nature de ce virus qui fait autant de ravage chez les volailles avec un risque non négligeable de se transmettre à l’homme. Le Dr.Boughalem nous apprendra que « ce virus appartient à ce qu’on appelle dans le monde vétérinaire influenza qui existe sous trois types différents, A, B et C. Les virus B et C qui infectent les oiseaux sont classés selon leur gravité en virus faiblement pathogènes et virus hautement pathogènes. Le virus détecté récemment, le H5N1 appartient à cette dernière catégorie qui touche aussi bien les oiseaux d’abattage, les oiseaux de compagnie que les oiseaux sauvages. Contrairement aux deux premiers types de volailles précités qui provoquent la maladie et en présentent les symptômes, les oiseaux sauvages sont des porteurs sains, d’où cette capacité de migration et le danger de transmission du virus à des oiseaux se trouvant dans de lointaines contrées. » Etant proche de l’Europe, on a souhaité savoir concrètement le degré de risque de propagation à tout le continent et surtout le danger qu’encoure l’Algérie à être touchée par ce virus en cas de contamination généralisée, surtout après la récente identification de nouveaux foyers d’infection. Même si notre interlocuteur voulait se montrer rassurant, il ne se détachera pas toutefois de ce réalisme propre au hommes de science, en présentant les choses telles qu’elles sont réellement. Il dira en toute franchise que « le risque que toute l’Europe soit touchée par cette pandémie est réel parce que cela coïncide avec la période de migration des oiseaux sauvages et même notre pays peut être atteint car le risque zéro n’existe pas. Le danger est réel parce que nul ne peut prévoir l’itinéraire des oiseaux sauvages migrateurs. Raison pour laquelle, on est sur nos gardes et prêts à faire face à toute éventualité de contamination ». “Il vaut mieux préparer la guerre en temps de paix », ajoutera-t-il. Malgré ce constat effrayant, Dr Boughalem nous fournira quelques facteurs tranquillisants sur les faibles chances d’une éventuelle transmission du virus de la grippe aviaire à l’Algérie. « Plusieurs points sont en notre faveur. D’une part les flux migratoires vers l’Algérie nous viennent de l’Europe de l’Ouest, région indemne pour le moment et d’autre part, contrairement à l’Europe où l’élevage se fait dans des fermes à ciel ouvert, chez nous les volailles sont élevées dans des bâtiments fermés. Une manière qui minimisera le risque du contact des oiseaux sauvages avec le cheptel avicole local et par là le risque de contamination ». L’Algérie dispose-t-elle de moyens humains et matériels pour faire face à une contamination au virus H5N1 ? A ce sujet, de savoir quelles marges de manœuvres possèdent notre pays pour une réelle et efficace intervention, le Dr.Boughalem expliquera que les équipements existent en quantités suffisantes et les potentialités humaines qualifiées et rodées à ce genre de crise sont prêts à intervenir à tout moment. « Les équipements de protection pour tous ceux qui interviendront en cas de besoin sont en train d’être acheminés vers l’ensemble des inspections des vétérinaires et au plus tard, aujourd’hui toutes les institutions concernées seront équipées en matériel adéquat ». En ce qui concerne les ressources humaines, il ajoutera qu’ “aux 1300 vétérinaires de la fonction publique, s’ajouteront 4500 praticiens privés qui ont prouvé leurs compétences dans la gestion des différentes pathologies qu’a connu notre pays et qui disposent de tous les moyens de prélèvement et de diagnostic ». Il fera savoir également que plusieurs plans sont arrêtés en étroite collaboration avec le département de la santé et de l’hygiène et les services des forêts pour surveiller les zones susceptibles d’être des foyers de contamination, essentiellement les zones humides. « Ces zones dites humides favorables à la prolifération de ce virus sont constamment surveillées par les agents forestiers qui capturent au hasard des oiseaux et les transmettent aux services vétérinaires qui procèdent à des prélèvements aléatoires au laboratoire pasteur d’Alger où à celui de l’Institut national de médecine vétérinaire. Pour le moment, tous les tests sont négatifs, donc tous nos oiseaux sont indemnes. L’opération se poursuit d’une manière continue ». Appelé à faire toute la lumière sur l’histoire des canards découverts dernièrement morts au lac Tonga, le Dr.Boughalem soulignera que « effectivement, les services forestiers ont découvert une vingtaine de canards morts dans ce lac, et bien que le canard soit un porteur sain de la grippe aviaire, c’est-à-dire, il ne cède pas à la maladie mais la transmet, on a quand même pris toutes les précautions nécessaires et les prélèvements sont en cours d’analyse. Dans deux ou trois jours, les résultats seront connus et je suis convaincu qu’à 90%, ils seront négatifs et cette hypothèse de la grippe aviaire sera écartée ». La dernière question qu’on posera au Dr.Boughalem portera, encore une fois, sur la consommation du poulet en cette période de panique. Bien que plusieurs sources médicales et vétérinaires ont largement expliqué qu’il n’ y a aucun risque à manger de la volaille, le consommateur reste réticent. La baisse des prix de la volaille durant ce mois de Ramadhan, qui connaît généralement des flambées vertigineuses a accentué les appréhensions des Algériens qui suspectent cette douceur des prix du poulet cédé à moins de 140 dinars le kilogramme. « Il n’y a absolument aucune raison pour que le consommateur se prive de poulet et passe à coté de cette opportunité que représente la baisse des prix. Déjà qu’au-delà de 70 degrés, soit trois à quatre minutes de cuisson, le virus de la grippe aviaire est anéanti, il faut se mettre dans la tête que notre pays n’est pas touché par cette maladie ». Il ira même jusqu’à dire « et puis même si on consomme de la volaille contaminée, ce qui n’est pas le cas dans notre pays, on ne risque rien. » Quelles sont alors les raisons de cette subite baisse des prix du poulet ? Le Dr. Boughalem expliquera “qu’à la veille du mois de carême, tous les éleveurs de volailles ont pensé de la même façon, élever de grandes quantités de poulet pour le mois de Ramadhan où il y a hausse de la demande sur ce produit. Donc, finalement l’offre était tellement importante qu’elle est devenue supérieure à la demande, ce qui entraîne automatiquement la chute des prix, voilà la seule explication logique

H.Hayet

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