Il y a vingt ans, Mohamed Boudiaf était assassiné à la Maison de la culture d’Annaba où il animait une conférence devant les cadres de la nation.
Son tragique destin aura été scellé ce jour-là après 165 jours passés à la tête du Haut Comité de l’Etat (HCE). Ceux qui ont cru en lui, ceux à qui il a permis de rêver d’une Algérie meilleure, ainsi que sa famille et ses amis, se recueilleront sur sa tombe demain, vendredi, à 9h30. L’homme de Novembre, par le déclenchement de la guerre de libération nationale, «voulait une rupture avec l’ancienne conception de la lutte nationaliste et c’est pour cette rupture d’avec le régime érigé depuis l’indépendance qu’il est mort», telle est la version de ceux qui ont approché Tayeb El Watani et vu en lui celui qui pouvait remettre le pays sur les rails. Mohamed Boudiaf était venu, 165 jours plutôt, avec l’espoir de donner au peuple algérien une réponse définitive à sa célèbre interrogation : «Où va l’Algérie ?» En répondant à l’appel de son pays, il a fait que l’espoir de tout un peuple renaisse. Ses discours, ses déclarations politiques et son jusqu’au-boutisme à ouvrir des dossiers épineux ont convergé vers cet instant fatidique où la mort le guettait derrière le rideau. C’est toujours avec la même interrogation, à savoir « qui sont les commanditaires ? », que les membres de sa famille, ses amis et ses nombreux admirateurs déposeront une gerbe de fleurs sur sa tombe. Mais aussi avec la crainte, à raison, d’une absence des autorités, comme ce fut le cas l’an dernier où hormis les membres de sa famille, une poignée d’humbles hommes et d’anonymes se sont recueillis sur sa tombe. Vingt ans après, les Algériens et tous ceux épris de justice et de liberté sont encore dans l’attente de la vérité sur cet assassinat.
Ferhat Zafane