L’été et les vacances sont synonymes pour beaucoup, de repos et d’évasion. Pour les petits enfants et adolescents à Draâ El Mizan, ce ne sont que travail et peine.
A peine les cahiers rangés, si réellement ils ont en pris soin, ces potaches commencent leur aventure dans les petits métiers. Pour les plus téméraires, c’est le travail des champs : planter, ramasser de l’herbe sèche et de la paille pour les revendre; pour les moins costauds, vendre de la limonade au marché ou des sachets et même des galettes maison. Avec le lancement des mille logements sociaux, ces petits enfants pensent déjà à sillonner le chantier pour offrir de petits services. « J’envisage de m’entendre avec des travailleurs de ce chantier en leur vendant des galettes, des oeufs durs, de la limonade. Déjà je suis sollicité par beaucoup d’entre eux », nous fera savoir un enfant rencontré sur la route qui mène à Draâ Sachem, soulevant un panier plus lourd que lui. Mourad, âgé de quinze ans, a choisi la placette du marché des fruits et légumes où il expose toutes sortes de plantes aromatiques. « Nous avons un petit jardin. Ce sont mes deux sœurs qui se chargent de l’arrosage et de l’entretien de notre petit potager. Je commence dès maintenant et d’ici le mois de Ramadhan, j’aurai gagné déjà une clientèle », nous avouera-t-il. Alors que ces deux lycéens , Takfarinas et Nabil, admis pour passer leur Bac l’année prochaine, ils occupent déjà des postes comme vendeurs: l’un dans une quincaillerie du coin et l’autre comme serveur dans un café. Pour Takfarinas, travailler dans cette échoppe et aider le parton à vendre les produits exposés, lui donneront une petite idée sur le commerce. « C’est la deuxième année que je suis recruté dans cette quincaillerie. L’expérience de l’an dernier m’a été un atout pour cette deuxième année. Le patron me donne pleine confiance. Je suis vraiment très content », nous confiera-t-il. A chacun son aventure. Mais la plupart sont employés dans les champs maraîchers ou encore dans les chantiers à moindre salaire. De leur côté les filles ne sont pas en reste. Avec la multiplication de petites fabriques (couscous roulé à la main, gâteaux traditionnels, lainage et poterie), elles ne chôment pas. Certaines d’entre elles travaillent uniquement pour gagner de l’argent et se permettre leurs petits caprices alors que d’autres veulent apprendre le métier. « Certes, je sais préparer des gâteaux à la maison, mais avec l’apparition de nouveaux modèles, il faut quand même être à jour. Ici, nous sommes plus de sept à aider la patronne. C’est une fabrique qui est dépassée en matière de commandes durant l’été et plus particulièrement avec les fêtes, c’est pourquoi la patronne recourt à nous. C’est très fatigant, mais qu’est-ce que vous voulez, il vaut mieux ça que rien surtout pour une fille qui n’a aucun diplôme », nous répondra une jeune fille. Tous ces cas évoqués ne sont employés que temporairement. Il faut comprendre qu’ils ne sont pas déclarés à la sécurité sociale, car ce ne sont que des emplois occasionnels. En tout cas, chacun se débrouille et les raisons qui poussent les uns et les autres diffèrent d’un cas à un autre : aider les parents, gagner l’argent de poche, apprendre un métier… Une chose est sûre : ces petits métiers ne sont pas une partie de plaisir, mais beaucoup plus, ils sont parfois pénibles et même dangereux quand ils sont occupés par de petits corps encore frêles.
Amar Ouramdane