«Le blues a favorisé l’éclosion de musiques actuelles»

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Dans le cadre du colloque du septième festival culturel arabo-africain qui s’est déroulé à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou les 7 et 8 juillet en cours, le Dr Ounnoughène Mouloud a présenté une conférence intitulée « le blues : un chant cathartique de toute l’Afrique ». Cette communication a suscité un grand intérêt aussi bien de la part du public que des autres conférenciers présents. D’entrée, le docteur explique que la catharsis est en rapport avec une décharge émotionnelle exprimée suite à des événements traumatisants ; l’environnement socio-économique hostile et oppressif des esclaves africains arrivés sur le sol américain y est pour beaucoup. «En effet, la plus grande migration de l’histoire a vu déporter près de quinze millions de noirs entre les dix-septième et dix-neuvième siècle, ce qui a entraîné de sérieux problèmes de déshumanisation et de dissolution de liens tribaux donnant matière à expression», précise notre compositeur. Le blues s’accorde avec l’expression «Blue devils» que l’on peut traduire par «idées noires» ou «tourments», affirme l’orateur. le blues a contribué à l’éclosion de la musique actuelle, , le jazz s’en nourrit, le rock ; la folksong très usitée par ailleurs dans la chanson d’expression kabyle, le gospel etc., en sont ses filiations, nous dit le docteur Ounnoughène. echniquement, le blues a contribué notamment à la promotion de la guitare, les bluesmen ont inventé le slide ou glisseur, c’est un goulot ou tube métallique que le guitariste insère au sein de son annulaire ; il permet la réalisation de charmants effets de « glissando ». névitablement, le blues est le genre musical qui ne manque nullement d’imagination dans la confection d’artifices ou d’instruments traditionnels : Primitivement, les noirs utilisaient le « bull fiddle »: une sorte de guitare artisanale construite avec une barrique et un manche à balai, sur lequel est tendue une corde. Pour rythmer leurs chants, les noirs employaient une « washboard » ou planche à laver, recouverte de tôle, on en extirpe les sons en utilisant un dé à coudre pour imprimer les motifs rythmiques. «La force du blues est de posséder cette capacité de transfigurer les souffrances et les douleurs qui font partie de la condition humaine et d’en universaliser l’expression et parvenir à les traiter par l’ironie…», conclut le docteur Ounnoughene.

A. M.

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