«J’ai trois albums fin prêts, mais…»

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Avant de monter sur scène à Mechtras où il s’est produit à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, Ouazib Mohamed Ameziane, aujourd’hui âgé de 54 ans et deux fois grand-père, a bien voulu répondre à nos questions.

La dépêche de Kabylie : Nous n’allons pas vous demander de vous présenter à nos lecteurs, mais parler-nous tout de même de vos débuts.

Ouazib Mohamed Ameziane : C’est loin quand même, 40 ans déjà ! J’ai commencé dans une association culturelle clandestine amazighe à Bir Khadem. Une association qui activait sous la bannière de l’académie berbère de feu Bessaoud Mohand Arab. En ces années-là la question de la revendication identitaire était notre première préoccupation. C’est dans cette association que j’ai appris à faire de la poésie. Nos œuvres étaient publiées dans une revue mensuelle que l’on appelait ADEF( La main dans la main). J’ai aussi fréquenté les scouts de Birkhadem où nous avons créé un groupe musical appelé Imounen (les indépendants). Cela devait se passer vers les années 72, 73. Nous avons donc poursuivi notre apprentissage et notre perfectionnement. Je fréquentais aussi la maison des jeunes de Bir Mourad Rais. Avec le reste de la troupe nous participions à toutes les fêtes et à toutes les festivités nationales. Le groupe a bien fonctionné jusqu’en 76. Mes deux premières chansons à la chaîne 2 s’intitulaient : Tsrugh Eldjahd Guezriw et Win Itchane Imensi. Donc après la disparition du groupe, j’ai décidé de changer de style et de tenter une aventure en solo. J’avais choisi alors la chanson classique kabyle. J’ai mis mon 1er disque 45 tours sur le marche En 77, j’ai mis un autre album intitulé Hadragh Imaden Fellam. Une belle œuvre de six chansons. A partir de là le nom de Ouazib et son art était vite adopté par le grand public, mais la chanson qui était vraiment le déclic, c’est incontestablement celle relative au service militaire : Slam Awentebqigh ayidurar nath Char. Actuellement et après 40 ans dans le domaine artistique, mon répertoire est riche de quelques 40 albums pour plus de 350 chansons.

Que pense Ouazib de la chanson rythmée et du non-stop ?

Ecoutez ! que l’on veuille ou non, le spécial fête a été bénéfique à la chanson kabyle. N’oublions pas qu’à une certaine époque un nouveau style a envahi la Kabylie faisant reculer la chanson kabyle. Donc c’est à ce moment que le non -stop kabyle a fait son entrée et il a pu chasser l’intrus. Comme quoi, le non -stop a été quelque part utile et puis venant de sortir de la terrible décennie noire, le peuple voulait s’amuser et se défouler. Toutefois, la chanson classique et à texte kabyle doit se réapproprier son espace. Pour cela, les jeunes artistes feront beaucoup de bien en privilégiant la création Je vous remercie pour cette question, j’aimerai bien en parler. Mon dernier album date en effet de 2010 ; Une œuvre artistique de dix titres. L’album s’intitule Tulawin «Les femmes», en hommage aux femmes. A présent, je peux vous confier que j’ai finalisé 3 nouveaux albums. Nous ne trouvons pas un véritable éditeur qui investira dans la chanson à texte. Les gens préfèrent les CD à la mode et qui durent l’espace d’un seul été voire moins. Aujourd’hui, l’artiste doit tout payer de sa poche. Si l’album marche bien, c’est l’éditeur qui s’enrichit et si le contraire arrive et bien c’est l’artiste qui paie les frais. Le piratage et les contrefaçons nous gangrènent. Les responsables concernés doivent sévir pour combattre ce fléau qui menace la chanson et toutes les productions artistiques. Donc, nous attendons le moment propice pour mettre sur le marché notre production.

Nous vous laissons le soin de conclure.

Permettez-moi d’abord de rendre un vibrant hommage aux martyrs de l’Algérie en ce cinquantenaire de l’indépendance et de souhaiter une longue vie aux moudjahidine encore en vie. Merci également aux organisateurs du festival Arabo-africain de danse folklorique et aux Mechtrassiens qui nous ont réservé un chaleureux accueil. J’espère pouvoir être à la hauteur de leurs attentes et je ne manquerai pas de leur faire plaisir en interprétant toutes les chansons qu’ils me demanderont. Aussi, j’essayerai d’interpréter des chants patriotiques que j’ai réussi à retrouver grâce à l’apport des moudjahidine de la trompe de Ali et Ferhat Zamoum, de Amar Terrak et de Yachir Belaïd.

Entretien réalisé par Hocine Taib

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