Voir toute la ville de Boghni enlaidie et envahie par les ordures pour devenir un immense dépotoir, est aujourd’hui banal, et cela ne semble pas, outre mesure, inquiéter les citoyens et les autorités. Pensant à trouver les ruelles des quartiers et les abords des immeubles plus propres, car étant résidentielles et donc nécessairement pris en charge par les habitants eux-mêmes, on est stupéfaits de constater que c’est encore pire que ce que l’on a déjà vu. Il n’y a pas un endroit qui échappe aux dépôts de détritus et d’ordures. De loin, le quartier de la gare, situé au centre-ville, parait neuf et propre par rapport aux parties basse et haute de Boghni. Cependant, et comme dit l’adage : « les apparences sont trompeuses », c’est là où on découvre le pire. Il suffit de passer de l’autre côté des immeubles jouxtant la policlinique pour connaître l’autre revers de la médaille. Une décharge imposante occupe l’endroit, juste sous les fenêtres des habitations, où rongeurs, moustiques, chiens errants se côtoient et d’où se dégagent des odeurs nauséabondes et une fumée qui s’éternise toute la journée. Personne ne semble se soucier de la santé des enfants, encore moins de l’image horrible qu’offre le quartier. Comment une telle situation, inconcevable du point de vue d’un étranger de passage, peut-elle être supportée par les riverains ? A qui profite-elle? C’est là deux questions, parmi tant d’autres, que l’on est en droit de se poser. Si dans une cité aussi neuve que celle de la gare, qui accueille divers commerces et des cabinets de médecins, de comptables, d’avocats, et qui abrite des familles plus ou moins aisées et cultivées, on ne dénonce pas une situation pareille d’insalubrité que dirait-on alors des quartiers dits populaires ? C’est dire que ce n’est pas le niveau de vie ou celui intellectuel qui influe sur l’hygiène des lieux, c’est tout simplement une question de morale, de conscience et d’intérêt général. Tant qu’il n’y a pas de bonnes volontés et des citoyens ayant un minimum de civisme qui prennent des initiatives, cela restera en l’état, pour ne pas dire que ça va s’empirer. A voir cette catastrophe dans ce quartier, on se dit que les citoyens sont insoucieux de leur santé et de celle de leurs enfants. Le peu qui s’en préoccupent interpellent les autorités pour veiller au ramassage quotidien des ordures, comme si c’était la seule cause de ce drame écologique. D’autres, en incombent la responsabilité aux «passagers qui viennent, qui pour consultation de médecins, avocat ou autres, qui pour faire leurs emplettes, transformant cet endroit en toilettes publiques et en dépotoir », déclare une résidente du quartier. La situation dans cette cité est vraiment alarmante et nécessite la conjugaison des efforts de tout un chacun, citoyens et pouvoirs publics, et non pas de se jeter la balle et d’incomber la responsabilité aux autres. Le danger est imminent et n’épargnera ni résidents, ni commerçants, ni ceux qui exercent leurs métiers libéraux en cet endroit, et encore moins les passants.
R. S.