Le long du CW253, menant vers l’APC d’Illilten, 70km au sud-est de Tizi-Ouzou, nous avons constaté des affaissements de terrains sur plusieurs axes de ce tronçon routier, à tel point que deux véhicules ne pouvaient se croiser, la moitié de la chaussée ayant presque disparu.
Peu avant d’atteindre le chef lieu, des maçons qui s’affairaient à consolider les fondations d’une villa inclinée vers le bas-côté du ravin, nous avons profité pour demander à boire aux ouvriers : « C’est pour se prémunir d’un éventuel glissement de terre qui pourrait survenir dès les premières pluies d’automne et éviter ainsi les retombées de l’hiver passé », dira le propriétaire de la maison. Plus loin dans un café au centre urbain de la localité M’hand Yahoui, membre du comité du village d’Ait-Aissa-Ouyahia, le plus sinistré de la région, abandonne sa partie de dominos et lâche tout de go : « Nous avons peur et pour nos vies et pour nos habitations, car nous craignons que le phénomène ne se reproduise l’hiver prochain », a-t-il dit. Notre interlocuteur accepta de nous servir de guide pour visiter les lieux du désastre. Sur le pont du lieudit «Thikantarth n’Bouchiker », nous avons remarqué que la rivière était presque asséchée, certaines fondations des constructions longeant l’oued sont visibles et sur les lieux d’où est parti l’éboulement, des quantités de mètres cubes de terre sont comme suspendues et menacent de glisser à la moindre chute de pluie, l’intérieur du sol étant encore imbibée d’eau, dont on pouvait entendre les ruissellements à quelques mètres. « Une piste démarrant du monument du village d’Ait Adellah vers l’endroit de la faille a été aménagée par la direction de la conservation des forêts (DCF) qui se chargera aussi du reboisement du site. Cet accès facilitera l’acheminement des matériels des entreprises qui interviendront pour l’exécution des travaux, d’ailleurs la direction de la valorisation des ressources en eau (DVRE) a déjà acheminé le matériel nécessaire pour le captage des sources et la réhabilitation des conduites d’eau », nous avait affirmé le maire, qui nous a reçus dans son bureau et nous a dressé un état des lieux, 05 mois après la catastrophe : « Ce qui nous préoccupe le plus, c’est la prise en charge des sinistrés ainsi que la protection des habitations situées le long des berges de la rivière. La direction de l’urbanisme et de la construction (DUC) préconise comme solution préventive, l’installation de gabions sur les rivages de la rivière pour empêcher les constructions de s’effondrer, ceci, avant le recasement des 70 familles recensées, soit dans des cités, pour ceux qui ne possèdent pas de terrains à bâtir soit par l’octroi de l’aide dans le cadre du logement rural à ceux qui ont des parcelles de terre », a souligné MR Azzoug, P/APC. « Concernant toujours les prises en charge, la direction des travaux publics, remplacera la passerelle du village Azrou par un dalot, en plus de l’ouverture d’une doublure du CCW253 sur une longueur avoisinant les 02km, qui traversera le dit village pour se joindre à celui déjà existant qui mène vers la wilaya de Béjaïa, à travers le col de Chellata. D’ailleurs, les travaux ont été confiés à l’entreprise (BTRCU(ç))», a précisé le P/APC, avant de rajouter sur le même registre : « Outre, le village Ait- Aissa-Ouyahia, où les habitants étaient contraints à la corvée d’eau, le chef-lieu communal est approvisionné en eau potable par l’intermédiaire d’une source que le village d’Ait- Adellah a cédé à la collectivité en attendant le rétablissement du réseau d’alimentation de la conduite principale. En revanche, l’APC dédommagera ce village par le captage de 03 sources d’eau ». Interrogé sur l’origine du phénomène, l’élu a répondu en déclarant : « L’étude a été confiée au centre du génie sismique, pour déterminer les causes qui étaient à l’origine de ce glissement, mais jusqu’à présent, il n’a pas rendu sa conclusion finale ». Pour finir, le 1er magistrat de la commune lance un appel aux concernés pour qu’ils interviennent en urgence, afin d’éviter l’irréparable, car selon lui « Des spécialistes dans le domaine préconisent une catastrophe d’une plus grande ampleur que la précédente, car le sol est instable, il renferme des quantités importantes d’eau en plus de la charge des centaines de tonnes de terre qui s’accumulent dans ce périmètre et au moindre mouvement tout peut dégringoler. Pour cela, nous réitérons notre appel aux pouvoirs publics afin qu’ils entament, le plus tôt possible, les projets, avant le début des premières pluies hivernale ».
Madjid Aberdache

